Pistes d'analyses de la discographie de Pink Floyd

Démarré par Phegos21, 15 Septembre 2014 à 19:48

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Blue-Berry

Beau travail en effet tous les deux. On mettra ça sur le Wiki qquand vous me l'aurez passé par mail. Enfin, peut-être l'an prochain seulement, la période qui arrive menaçant d'être un peu chargée...
Phégos, un "oxymore", ce n'est pas la mise en balance de deux idées contraires, c'est l'incrustation dans une idée d'une autre idée contraire. Exemples : un silence assourdissant, sortir en boite...
"Cold comfort for change" je vois l'abandon d'un confort frais pour un incessant changement (donc inconfortable). Ca vaut ce que ça vaut.
I would have liked to be this
jewish
canadian
poet
who sings Love and its meanders so well.
But by this time I would be dead,
And I would never have
met,
known,
and, above all, loved
You.
So too bad if I'm not this
jewish,
canadian,
poet
It's all right.

Phegos21

merci pour les exemples d'oxymore.
le problème du "cold comfort for change" est qu'il vient en contrepied avec tout ce qui est dit avant. C'est peut-être voulu mais je ne vois pas encore comment le relié avec le reste de la chanson...
Ce sont toujours les mauvaises nouvelles qui arrivent en premier... Je ne suis jamais en retard

Phegos21

Bon après quelques mois de passage à vide, j'ai repris un peu le boulot avec un truc qui m'a semblé pas trop difficile mais très intéressant:

Hey You, The Wall
(petite note : L'album The Wall étant un album concept, il fait intervenir plusieurs personnages dont le principal qui s'appelle Pink et son « doppelganger », le dictateur dans le film)

Introduction : mélodie à la guitare, un peu répétitive et sombre. Pink est pris dans une routine, dans une spirale dans laquelle il ne peut s'échapper.

« Hey you, » apostrophe du personnage principal. Par ailleurs Pink ne connait absolument pas la personne à qui il lance son appel (s'il avait réellement ciblé son appel). Il est plus probable que Pink soit désespéré derrière son mur, il ne voit personne, et il espère que quelqu'un l'entende.
« Out there in the cold » Pink a froid, mais ce froid n'est peut-être pas complètement réel et est plutôt la concrétisation de son état d'esprit : Pink est seul et ne reçoit aucune chaleur d'un proche.
« Getting lonely, getting old » Pink s'adresse à ceux qui sont dans le même état que lui, ce sont des personnes qui peuvent comprendre son désespoir et par conséquent les plus à même à pouvoir l'aider (du moins c'est ce qu'il pense).
« Can you feel me ? » Question qui reviendra souvent dans le morceau même si elle sera tournée de différente manière, elle exprime le besoin de Pink de retrouver un contact avec le monde extérieur. Si on creuse un peu plus loin, on peut se demander si avec cette question Pink doute de sa propre existence, personne ne peut plus sentir sa présence.

« Hey you » nouvelle apostrophe. Personne n'a répondu à la première, Pink doit trouver de nouvelles personnes à qui s'adresser pour l'aider à sortir de son piège.
« Standing in the aisle, With itchy feet and fading smile » Cette fois Pink s'adresse à ceux qui sont isolés (ils ne sont pas forcément seuls, mais ils ne sont pas dans la même phase que ceux qui sont autour d'eux), immobiles et qui ne semblent être que des ombres (tout comme lui).
« Can you feel me ? » Répétition
« Hey you, » Répétition.
« Don't help them to burry the light. » Pink supplie ceux qui peuvent l'entendre de ne pas aider le piège à se refermer sur lui. Le désespoir est de plus en plus palpable.
« Don't give in without a fight » Suite de la supplication.

La batterie de Mason augmente le côté tragique et fatal de la situation de Pink, rendant la musique encore plus sombre.

« Hey you » Répétition.
« Out there on your own, sitting naked by the phone » Pink s'adresse à ceux qui attendent que le monde extérieur leur vienne en aide. Ces gens sont démunis, ils n'ont aucune solution pour s'en sortir.
« Would you touch me ? » Donc voilà une nouvelle tournure de la question. Ici il ne faut pas comprendre a besoin de contact physique. « touch » en anglais a un sens de contact plus figuratif. Waters joue sur ce double sens pour montrer que Pink est à la fois en manque de contact physique et de contact mental.
« Hey you, » Répétition.
« With your ear against the wall, waiting for someone to call out » Cette fois Pink s'adresse à ceux qui ont le même but que lui : dépasser l'obstacle du mur. On note ainsi une progression dans les cibles de l'appel de Pink : d'abord ceux qui étaient dans le même mal que lui pour ensuite aller vers ceux qui ont la volonté de s'en sortir.
« Would you touch me ? » Répétition.
« Hey you, » Répétition.
« Would you help me to carry the stone ? » Pink propose une solution : faire un trou dans le mur en déplaçant les pierres. Le fait qu'il demande de l'aide montre qu'il ne peut y arriver tout seul.
« Open your heart, I'm coming home » Ici Pink s'adresse à lui-même, il sait ce qu'il doit faire pour s'échapper. De plus il a réalisé que sa place n'était pas derrière le mur mais en dehors de celui-ci.

Partie instrumentale qui décrit les efforts de Pink pour passer de l'autre côté du mur. Mais la partie instrumentale s'arrête et le doppelganger prend la parole en prenant un air narquois.

« But it was only fantasy » Le dictateur se moque de Pink et de ses vains efforts.
« The Wall was too high as you can see » Il explique la raison de l'échec de Pink. Le doppelganger écrase encore un peu plus les espoirs de Pink en lui signifiant que la vanité de sa lutte est évidente, visible.
« No matter how he tried, he could not break free » Le doppelganger ne fait même plus attention à Pink, il parle de lui à la 3e personne. Il insiste sur l'impuissance de Pink face à sa situation.
« And the worms ate into his brain. » Le doppelganger dévoile le destin tragique qui attend Pink : une « mort mentale ». Pink deviendra fou à cause de son isolement. On note que l'on retrouvera les « worms » plus tard dans l'album.

Retour au calme, la routine reprend avec le thème de l'intro.
« Hey you » Gilmour hausse d'un (très) gros ton dans son appel, Pink n'a pas perdu espoir et essaye encore de trouver de l'aide.
« Out there on the road, Always doing what you're told » Pink s'adresse à ceux qui sont capables d'agir, même si leurs actions sont dictés. Il cherche les gens qui sont capables de faire bouger les choses.
« Can you help me ? » La question est plus pressante, plus directe. Pink sait que le temps presse.
« Hey you » Répétition.
« Out There beyond the wall, Breaking bottles in the hall » Pink s'adresse maintenant vers des gens de l'autre côté du mur (ce n'était donc pas forcément le cas avant). Là encore il se tourne vers des personnes qui agissent. Ici on pourrait même parler de révolte (j'ai une image de cocktail Molotov en tête), ou du moins d'une certaine violence rendant l'acte visible, qui attire l'attention (ce que Pink cherche à faire).
« Can you help me ? » Répétition.
« Hey you » Répétition.
« Don't tell me there's no hope at all. » Pink refuse de se laisser convaincre par les propos du doppelganger (qui peuvent être repris par ceux qui répondent négativement à son appel). Il continue à s'accrocher à ses espoirs.
« Together we stand, Divided we fall » Il essaye de convaincre ses interlocuteurs qu'ils peuvent s'en sortir s'ils s'y mettent tous. Un argument qui s'efface peu à peu avec la voix de Gilmour. Pink ne réussira pas à trouver de l'aide.

Le titre suivant (Is There Anybody Out There ?) montre que Pink se retrouve seul et plonge peu à peu dans la folie. La musique illustre cette descente.

Idée générale :
Hey You est donc un appel au secours du personnage de Pink qui sent que le mur ne le laissera plus ressortir. Son appel se dirige vers tous ceux qui ont un état similaire (ou en partie) au sien. Il tente de les convaincre de s'entraider. Mais le doppelganger le rappelle à la réalité : malgré tous ses efforts Pink ne peut effondrer le mur et personne ne vient l'aider. Le danger que court Pink commence à prendre forme avec l'insinuation du doppelgänger.

Une fois de plus, dites-moi ce que vous en pensez, si des idées vous viennent, partagez-les svp
Ce sont toujours les mauvaises nouvelles qui arrivent en premier... Je ne suis jamais en retard

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