Procol Harum

[H2O]

Procol Harum est groupe de rock à tendance orchestral qui a débuté sa carrière en 1967 pour la terminer en 1977. Il s'est reformé en 1991 et reste en activité.
A la base, le principal attrait du groupe vient de la paire Gary Brooker (chant, piano)/Matthew Fisher (chant, orgue). Ces "twins claviers" accouche d'un premier disque, A Whiter Shade of Pale qui met Bach au coté des Beatles. La chanson éponyme, tube immortel comme symbole du Summer of Love a eu le malheur d'occulter le reste de la carrière du groupe qui s'essaye également à des choses plus dure, comme les très bons Conquistador et Kaleidoscope. Cet aspect du groupe est porté par le guitariste Robin Trower.

A Whiter Shade of Pale :
http://www.youtube.com/watch?v=LBoNXE2A_Yg&feature=fvw#ws

Conquistador :

Cette dualité rock (voir hard-rock sur certaines pistes)/chansons classisantes ultra-sophistiquées, quasi schizophrène, est  la deuxième grande caractéristique du groupe. Ainsi nous est proposé sur Shine On Brightly en 1968, le deuxième disque de l'orchestre, une de ces longues pièces dont les années soixante-dix allait raffoler : In Held 'Twas in I, où un poème morisonnien précède un passage d'une beauté mélodique à couper le souffle (In The Autumn of My Madness) avant d'enchainer sur un riff authentiquement hard (Look To Your Soul), pour terminer sur un dernier élan mélodique, encore une fois superbe. 

In Held 'Twas I :
première partie

deuxième partie
http://www.youtube.com/watch?v=bN4uU4DFuSI&feature=related#

Le sommet de la discographie de Procol Harum se trouve probablement sur son troisième album, A Salty Dog, sortit en 1969. L'amateur de mélodie ciselée trouvera sans doute son plaisir dans ces chansons superbes (Wreck of The Hesperus, pour n'en citer qu'une). Au niveau de l'ambiance se dégageant de ces morceaux il faut noter l'apport de la poésie de Keith Reid, parolier du groupe, morbide et même mortifère, mais qui souligne la beauté mélodique des compositions.

A Salty Dog :

Wreck of The Hesperus :

Après ces trois albums la stabilité du groupe n'est plus d'actualité : Matthew Fisher s'en va une fois A Salty Dog enregistré, Robin Trower après Broken Barricades (en 1971). Mais cela ne l'empêche pas de continuer a sortir de bons, voir très bons disques : Procol Harum Live with the Edmonton Symphony Orchestra en 1972, Grand Hotel en 1973 , Something Magic en 1977.

Grand Hotel :

En 1977 le groupe se sépare. Il se reforme en 1991 pour sortir The Prodigal Stranger où malheureusement l'énergie déployée n'arrive pas à compenser la vacuité mélodique. L'album qui le suit, The Wells on Fire (2003) est bien plus accrocheur même s'il n'atteint pas les sommets précédant.

[Wulfnoth]

Amusant : je traverse justement une grosse période Procol Harum en ce moment...

C'est effectivement navrant que A Whiter Shade of Pale occulte le reste de la carrière du groupe, notamment tout le versant « hard » apporté par Trower et qui apparaît le plus clairement sur le dernier album où il est présent, Broken Barricades — Simple Sister est toute entière portée par un riff terrible, avec un solo assez dantesque.

Un disque tardif que j'aime beaucoup : Exotic Birds and Fruit (1974). Moins complexe que ses prédécesseurs, mais irrésistible.

[H2O]

Au niveau riff terrible il faut aussi parler de celui de Whiskey Train :

Trower est assez sous-estimé mais il a fait quelques petites bouses aussi : Juicy From Pink est le gros point faible de A Salty Dog.

[H2O]

Qu'est-ce que tu penses des lives Wulfnoth? Je n'ai que le Procol Harum Live with the Edmonton Symphony que je trouve très bon mais qui finalement n'apporte pas grand chose puisque les versions studios ont déjà un orchestre.

[Wulfnoth]

Comme toi, je n'ai écouté que le Live with the Edmonton Symphony... mais de toute façon, Procol Harum ne me semble vraiment pas être un groupe à live.

[H2O]

Est-ce que comme moi tu fait un parallèle entre Procol Harum et Electric Light Orchestra? J'ai tout à fait l'impression que ces groupes jouent dans la même ligue : un grand talent mélodique, des arrangements orchestraux et une facination pour la musique classique (que ce soit Roll Over Beethoven pour ELO ou A Whiter Shade of Pale pour PH) et un coté Hard assez occulté et pourtant très intéressant (par exemple Poker pour ELO et Toujours l'amour pour PH).

[Wulfnoth]

Jeff Lynne ELO me semble davantage pop, moins « artsy », et plus maladroit dans ses tentatives d'incorporer du classique dans sa musique (Rockaria, pouah). ELO est plus efficace quand le classique n'est qu'un vernis, alors que Procol Harum se défend bien lorsqu'il l'intègre complètement. J'aurais plutôt tendance à dresser un parallèle entre Procol Harum et les Moody Blues, en fait.

[H2O]

Je ne connais pas suffisamment les Moody Blues pour te suivre, je dirais simplement que Procol Harum me semble n'avoir jamais renié la pop sur toute sa carrière.

Sinon la reprise de In Held "Twas In I par Transatlantic n'est pas mauvaise car elle remplace le passage "à l'ouest" entre le poème et In The Autumn of My Madness par un nouveau couplet bien plus accrocheur. Dommage que le reste ne soit pas aussi poignant.

première partie

deuxième partie
http://www.youtube.com/watch?v=o9kJMvkmAXY&feature=related

[Wulfnoth]

Oui, Procol Harum est avant tout un groupe de pop, mais il est également rock : la guitare y a une place importante, même après le départ de Robin Trower (voir le solo final de Mick Grabham sur The Idol). Du côté de ELO, Jeff Lynne n'oublie pas de brancher sa gratte, mais il s'en sert rarement de façon très évidente (jamais de solos), ce sont les claviers qui dominent. Ça se voit dans la façon dont le groupe a évolué après 77 : disco, puis synthpop, des genres qui ne font pas la part belle à la six-cordes. Un éventuel Procol eighties se serait peut-être davantage « distingué » du côté de genres où la guitare est importante, comme le métal ou le light prog façon Asia (mais je préfère ne même pas essayer d'imaginer ça).

[H2O]

Oui la guitare est plus importante chez PH que chez ELO mais je dirais : par intermittence tout de même. En effet ils n'hésitent pas à s'en passer (AWSOP n'a pas de guitare par exemple).
Quand à savoir ce qu'aurais fait Procol Harum dans les 80's je viens de trouver une vidéo du premier album de Gary Brooker No More Fear of Flying et ça sonne bien 80's. Je sais bien qu'il n'était pas le seul compositeur de PH mais bon, je ne suis pas convaincus qu'il aurait évité le piège.

[Wulfnoth]

La pochette de l'album est rigolote, en tout cas. Je pensais que c'était une parodie de Airplane!, mais le film est sorti un an après, ce qui la rend encore plus chouette.

[Wulfnoth]

Une chouette version de Repent Walpurgis :

EDIT : et y a du Bach au milieu ça plaira à ZeZap !

[H2O]

Il y a pas mal de Bach chez PH, j'ai crus en dénicher dans AWSOP aussi. Sinon je viens de remarquer qu'ils avaient fait peu d'instrumentaux, étrange pour un groupe aussi bon dans ses compositions.

[Wulfnoth]

Sachant que Keith Reid n'était que parolier (mais quel parolier !) et qu'il fallait bien qu'il mange lui aussi, c'est pas si étrange que ça...

[H2O]

Effectivement 

[Wulfnoth]

Une curiosité :