Le son est en effet bien plus "pêchu", puissant et enveloppant que sur le live d'Ummagumma.
J'aimerai un peu défendre le son du live d'Ummagumma. Pendant longtemps, comme tout le monde, j'ai regretté qu'il n'ait pas été mieux enregistré. Un son plus puissant et aux contours plus nets devait a priori renforcer le plaisir d'écoute. Et puis finalement j'ai compris : le son quelque peu brumeux tend en fait à renforcer l’aspect onirique des morceaux.
Ce live (comme les albums A Saucerful of Secrets et More) témoigne en effet d’une époque où le son du groupe repose sur les claviers et le vibraphone de Wright, qui lui donne ses couleurs sonores caractéristiques, douces et étranges. Gilmour tend ensuite à s’imposer comme sa principale force musicale et l’orgue électronique commence alors à s’effacer derrière la guitare électrique, qui occupera une place toujours croissante au fil des années, donnant au Floyd un son un peu plus musclé.
Si vous remarquez bien, les quatre morceaux du live d'Ummagumma véhiculent une atmosphère beaucoup plus mystérieuse que dans leurs versions ultérieures. Il existe des versions plus longues, plus excitantes, plus épiques, mais pas de versions plus mystérieuses que celles-ci.
Comme le soulignait Alistair quelque part, ces titres changent de registre au fil des années, gagnant en impact, en efficacité et en mordant ce qu’ils vont perdre en solennité, en envoûtement, en mystère et en "spiritualité". (Significativement, la version remastérisée de 1994 d'Ummagumma, où le son est "dopé", perd d'ailleurs un peu de cet effet "mystère").
Ce bootleg me semble faire partie des derniers à sonner encore comme le live d'Ummagumma, à produire un effet similaire sur l'auditeur.