Camel - "A Nod & A Wink"

Démarré par CrazyDiamond, 12 Juin 2008 à 02:50

CrazyDiamond

(cette chronique se trouve déjà sur le forum de "rock6070", c'est même un copié-collé. Si cela pose le moindre problème au niveau des droits ou une connerie du genre, merci de me le faire savoir AU PLUS VITE. Merci :) )


Je m'attaque aujourd'hui à chroniquer une bouffée de fraîcheur.



Camel a été un groupe franchement doué (à défaut d'être vraiment inventif) dans les 70's, et, en 78, année charnière où tous les grands groupes de prog encore en activité (Genesis, ELP, Gentle Giant, Yes...) ont produit leurs albums parmi les plus médiocres, Camel n'a pas dérogé à la règle, et a livré l'insipide  "Breathless".
A partir de là, Camel me pose un problème. Dans chacun de leurs albums, il y a un défaut. Toujours un "trop", toujours un "pas assez". Le "pas assez", c'est le rock progressif, avec qui Camel va prendre, progressivement, ça va de soi, un certain recul durant les années 80.
Le "trop" n'est jamais le même. "Nude" est trop homogène, "The Single Factor" trop tubesque, "Stationnary Traveller" trop electro, trop sombre... bref, je n'accroche plus vraiment, et les albums des années 90, malgré une remontée flagrante, n'ont pas su me détacher des premiers albums, plus précisément de leur discographie allant de 1973 à 1977, où, malgré quelques ratés, leurs albums étaient de très bonnes (voire grandes) pièces progressives.

Enfin, tout ça pour dire qu'en acquiérant "A Nod & A Wink", je ne m'attendais pas à des miracles. Une vague lueur d'espoir, peut-être, qu'en hommage à l'excellent Pete Bardens, décédé en 2001, l'ami Latimer, en hommage, sur au moins une chanson, ferait renaître le son de Camel de la grande époque... je n'osais espérer plus. Le choc n'en fut que plus mémorable.


Je mets donc le CD dans mon lecteur...

Premier morceau, première surprise. Après une intro à la locomotive (bon début pour un album prog) qu'ouis-je ? De la flûte ! Comme au bon vieux temps. Un xylophone à la Moerlen l'accompagne. Puis il disparaît, laissant place à la guitare sèche. C'est un peu celtique, légèrement pop, pas vraiment rock... Bon sang mais c'est bien sûr ! Du progressif !!! Le tout s'accélère. Qu'entends-je ? mais non... mais oui ! DU MELLOTRON !!! Un son caractéristique de "Mirage", à tel point qu'on se laisse complètement embarqué dans un univers seventies en diable. Je n'entends pas par là que ce son rappelle les 70's, c'EST un son des seventies. Sur le moment, j'ai même eu un doute sur la date de sortie. 2002, ça ? Ben oui, faut croire. Bref, ce morceau - le titre éponyme - sonne à lui tout seul comme une renaissance du prog camélien des seventies.

La rythmique de "Simple Pleasure", fine mais bourrée d'effet, est néanmoins là pour nous rappeler qu'on est bel et bien en 2002. Mais, très vite, ce morceau charme lui aussi. Latimer joue comme Clapton dans ses moments les plus fins. Il est à noter que la guitare est particulièrement belle sur cette album, elle n'est plus envahissante comme dans les 90's (où on confondait le jeu de Latimer avec celui de Gary Moore). "Simple Pleasure" change à son tour de rythme, devient de plus en plus entraînante. Ca monte, ça monte... Dieu que c'est bon.

"A Boy's Life" pourrait être une chute de "Moodmadness". Le synthétiseur est bardennien en diable. Attention néanmoins, chaque chanson de l'album commence de manière très soft, ce qui, si l'on écoute que la première minute pour se faire une idée (je sais que certains d'entre vous le font, moi y compris, ce qui m'a permis de passer à côté de cet album pendant trois mois), pourrait vous détourner de l'album. Ne le faites pas !

"Fox Hill" est géniale. C'est une sorte de bourrée seventies rappelant les meilleurs moments du groupe, mais aussi, et surtout, le Genesis de "Foxtrot" (à la vue du titre on n'est plus tellement surpris). Les variations sont bonnes, les synthés formidables, la rythmique particulièrement inventive et pas du tout électronique, très jazz au contraire, et cette guitare divine chapeaute le tout d'une manière exquise. A noter que cette chanson est véritablement un clin d'oeil à Genesis, et tout particulièrement à "Get Em Out By Friday", Latimer s'employant, pour le coup, le temps d'une chanson, à imiter (particulièrement bien, d'ailleurs), la voix de Peter Gabriel...

"The Miller's Tale" est un instrumental de 3 minutes plutôt moyen (au vu du reste, s'entend, ce morceau aurait relevé le niveau de "Dust & Dreams") qui s'enchaîne avec le morceau le plus prog de tout l'album, "Squigily Fair", génial. La flûte revient. C'est assez étonnant de lire que ce morceau est daté de 2002, alors que le son correspond à ce point à une autre époque. Le chant de Latimer, lui, a changé. On savait que les parties vocales étaient souvent le point faible du groupe, et bien Andy a trouvé la solution : il fait du Hammill. Et compte tenu de la complexité et de l'intelligence de la composition, cet album devrait convenir à tout fan de Van Der Graaf Generator (je vous jure !) normalement constitué...

Le dernier morceau de l'album s'intitule "For Today"... ATTENTION CHEF D'OEUVRE. Cette chanson sur les pompiers du 11 septembre (en lisant ça je me disais : "gare à la guimauve") démarre vraiment comme une chanson de VDGG, puis s'oriente vers un blues totalement aérien, rappelant parfois les meilleurs moments de Pink Floyd (on pense à "Shine On"), la guitare pleure, les nappes de synthés l'accompagne, la guitare acoustique est discrète mais bel et bien présente, et si belle. L'orgue Hammond arrive, suivi d'un des meilleurs soli de mellotron que j'aie jamais entendu, avant de rejoindre la guitare, pour un solo à faire pâlir Gilmour himself... Bref, c'est complètement planant et vraiment magnifique.



En clair, ce que je veux dire c'est : transmettez cette chronique à au moins dix de vos contacts sinon vous périrez dans des souffrances atroces. Par contre, si vous l'écoutez, je ne vous promets pas que vous rencontrerez l'être aimé la semaine prochaine (pour deux raisons : par respect pour vos conjoints déjà dans la place, et aussi parce qu'il n'y a que les spammers pour promettre des conneries pareilles), en revenche, je vous garantis un moment musical des plus agréables. Et surtout un retour en force dans les seventies. De tous les albums "néo-prog" que j'aie entendu, celui-là est clairement celui qui a su le mieux retranscrire ce son unique du UK prog.

Un très grand album. Vous aimez "Mirage", "Camel", "The Snow Goose" et "Moodmadness" ? Vous pouvez accueillir "A Nod And A Wink" à bras ouvert. Vous passerez un moment aussi agréable que moi, en ce moment-même, en écrivant ces lignes, à écouter "For Today" pour la quatrième fois de suite en me disant que c'est peut-être le meilleur album de Camel que j'aie jamais entendu.




PS : Rickounet, cette chronique est à vous si vous considérez qu'elle ne flinguera pas la crédibilité de votre site...
Un dictateur qui meurt... c'est une banque suisse qui ferme.

Sydalie

Ta chronique m'a donné envie d'écouter cet album, et de me pencher sur ce groupe que je connais mal, à part deux-trois albums. :sueur:
J'écoute tout ça la semaine prochaine et je te donne un avis plus détaillé ! ;)

strum

ouai, je vais aussi approfondir tout ca très ptochainement...

en tout cas merci d'avance!

et santé :biere: !
"Without deviation from the norm, progress is not possible." Frank Zappa

Sydalie

Meneldur, souvent un album demande plusieurs écoutes. ;)
Ce n'était peut-être pas le meilleur pour découvrir Camel. :/

CrazyDiamond

Dis-moi, Strum, où es-tu situé sur le Rhinocéros ? (Suisse, pour les intimes...)
Un dictateur qui meurt... c'est une banque suisse qui ferme.