The Dark Side of the Moon
Tout et n’importe quoi (surtout n’importe quoi) a été dit sur The Dark Side of the Moon. L’album culte de Pink Floyd, le disque phare de la décennie, le rock progressif sophistiqué et bon marché. The Dark Side of the Moon c’est le Pink Floyd universel et grand public, le rock seventies du pauvre. Dans Dark Side of the Moon tout le monde trouve son bonheur : les petits hippies et progueux, le vieux soixante-huitards, les intellectuels, les bonnes ménagères, les jeunes bourgeois très « hypes », etc… Pink Floyd avec cet album veut, avant tout, ratisser large (très large) et utilise tous les procédés pour arriver à son but : le côté « space rock » de Meddle auquel est rajouté une production hollywoodienne, des mélodies consensuelles et faciles d’accès et une ambiance psychédélique pantouflarde et sophistiquée. Le désir d’avoir du succès n’est pas, forcément, une honte en soi et cet album est loin d’être mauvais, mais, quand la volonté d’avoir du succès devient la principale motivation, on ne peut pas, vraiment, s’attendre à un album audacieux et encore moins fou. The Dark Side of the Moon en est le parfait exemple. Les amateurs du Pink Floyd des débuts risquent, probablement, d’être déçus à l’écoute de cette fameuse œuvre. Ici aucun trip sombre et torturé (Interstellar Overdrive), aucune expérimentation sauvage (A Saucerful of Secrets), encore moins de bizarreries (Sysyphus), même pas de longues pièces progressives épiques (Echoes). Non, rien de tout ça !
Loin de vouloir écrire un brûlot agressif contre cet album, je veux juste faire une chronique qui replace cet album à sa juste place. Premièrement, The Dark Side of the Moon n’est pas un album novateur contrairement aux propos de certains plumitifs qui ne cessent d’utiliser cette remarque pour alimenter leurs papiers. The Dark Side of the Moon n’a pas fait avancer le rock progressif d’un pas, et c’est encore moins un tournant dans la musique contemporaine (excepté pour ceux qui n’écoutent que Pink Floyd). The Dark Side of the Moon n’a rien fait d’autre que de populariser un genre en vogue au début des années 1970 au même titre que Close to the Edge de Yes ou Selling England By the Pound de Genesis, peut-être même encore plus, ce qui lui vaut, certainement, cette réputation surfaite. Car The Dark Side of the Moon peut, facilement, prétendre au titre d’album le plus surestimé de toute l’histoire du rock. Rappelons, tout de même, qu’en 1973 sont sortis dans le beau monde du rock progressif In a Glass House de Gentle Giant et, surtout, Lark’s Tongues in Aspic de King Crimson. La seconde partie de Lark’s Tongues in Aspic a apportée bien plus de choses à la musique contemporaine que l’intégralité de The Dark Side of the Moon. Quant à la production, si elle est, certes, de qualité, la vieille formule qui consiste à dire que c’est « la meilleure de toute l’histoire de la musique pop » est fausse également. En 1973, toujours, Todd Rundgren sortit son excellent A Wizard, a True Star qui possède, selon moi, une production de bien meilleure qualité, tout comme Rock Bottom de Robert Wyatt (produit par Nick Mason) qui sortira un an plus tard.
Mais, attention, cet album n’est pas ignoble pour autant. The Dark Side of the Moon contient de bons moments, notamment Time et The Great Gig in the Sky qui font partis, selon moi, des plus belles pièces du groupe. Le reste est « beau », mais juste « beau » et c’est bien là le problème. Pink Floyd propose une musique belle, indéniablement, mais trop transparente et trop superficielle. Si la musique flatte divinement les oreilles, elle ne les ouvre plus comme à l’époque de The Piper at the Gates of Dawn, Ummagumma ou même Atom Heart Mother. Tout, ici, est trop fluide, trop propre et trop gentil, des morceaux comme Breathe, Brain Damage ou le cultissime Money le prouvent très bien. Certains passages sont même passables à mes yeux (Any Color You Like) voire, quasiment, médiocres (Us and Them). Seul l’instrumental On the Run (qui préambule, superbement, Welcome to the Machine et les meilleurs moments de Animals) sort du lot en proposant des idées musicales et sonores moins consensuelles. Sinon, autre bon point à noter : les paroles. Si elles sont loin d’être les meilleures de Roger Waters (j’ai, personnellement, une préférence pour celle d’Animals), elles soulignent et mettent en valeur, tout de même, les qualités de Roger Waters en tant que parolier en proposant des thèmes universels et porteurs, ainsi qu’en illustrant, d’une belle manière, l’époque.
Pour finir et pour vous montrer mon objectivité, je tiens à rajouter que si je ne fais pas l’éloge de The Dark Side of the Moon, je ne le snobe pas pour autant. Je prends, simplement, cet album tel qu’il doit être prit selon moi : Un album bon et agréable mais pas génial !
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MP.