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Wish You Were Here

Wish You Were Here

1975. Tandis que Led Zeppelin continue sa vie sur un piedestal avec Physical Graffiti, dont le célèbre Kashmir, que Supertramp se demande s’il y a bien une crise, que Queen passe une nuit à l’opéra (« Mama, ‘just killed a man… ») et que Kraftwerk a des soucis de radioactivité planante ; Pink Floyd a la lourde tâche de répondre au succès inattendu de son précédent album, The Dark Side of the Moon.

Après une tournée mondiale consécutive à son opus, Pink Floyd retourne en studio. Cette fois-ci, le talent de songwriter de Waters est reconnu, et la qualité du jeu musical du groupe est maintenant indéniable. Le choix n’est pas simple et pourtant le groupe décide de rendre hommage à son créateur et ancien leader disparu, j’ai nommé Roger Keith Barrett, dit « Syd Barrett ». Roger Waters, qui l’avait évincé du groupe en 1968, se sent bien redevable, autant que ses compères, de rendre hommage – ou plutôt d’implorer sa présence – à ce génie du rock psychédélique, qui les a sorti de la brume londonienne il y a de cela 8 ans. Le bassiste et auteur accompli a déjà écrit sur un papier ce qui sera les prémices de Wish You Were Here, et le groupe joue déjà depuis un an ce qui deviendra la pièce majeure de l’album, divisée en deux faute de place : Shine on You Crazy Diamond. Et oui, nous sommes encore à l’époque des disques vinyles…

Une pochette illustrée par la photo de deux hommes se serrant la main, entourés d’entrepôts.. Mouais… Oh, mais il y en a un qui brûle !!! Tiens le bord de l’image de la pochette est un peu calciné… Qu’est-ce qu’il y a de marqué? Pink Floyd, Wish You Were Here ?!?!?! Ah, mais oui!!!! Allez, je mets le CD dans le lecteur…

Shine on...

Dès l’entrée du morceau, le synthé de Wright nous sort d’un sommeil long de deux ans, et fait rebattre le cœur qui avait arrêté de battre sur Eclipse. Puis vient Monsieur Gilmour, qui, sur un ton très doux et bluesy (normal me direz-vous : Pink Floyd a des racines blues !), vient nous caresser. Alors arrivent les 4 notes qui donne à cette chanson toute sa signification. C’est la signature, et l’indication que nous sommes bien chez Pink Floyd. L’explosion se fait enfin, et le morceau sort de sa léthargie. Puis les solos de guitares et de synthés s’alternent les uns les autres, pour faire durer un plaisir dont on ne se lasse pas. Roger Waters murmure enfin quelques paroles, pour demander à Syd s’il se souvient que quand il était jeune, il brillait comme le soleil… et il crie le refrain sur un ton presque blâmeur… La finesse des paroles, la délicatesse et la force de la guitare, le chant au poil, le morceau semble interminable, et c’est tant mieux. Comment se lasser d’un tel hymne au génie disparu ? Enfin, pour assurer une sorte de continuité avec l’ancien album, on retrouve le saxophoniste Dick Parry, qui assure à lui seul la première fin du morceau… Un jeu qui a fait ses preuves sur Money and Us And Them, et qui est toujours autant efficace. La lumière du diamant fou commence à se dissiper, le saxophone s’emballe, et ce sont des bruits de machine que l’on entend…

Bienvenue dans la machine...

Welcome to the Machine

Premières notes de guitare, et Waters dit bonjour à son fils, bienvenue dans la machine. Welcome to the Machine est une ode au Pink disparu – comme tout l’album d’ailleurs – à cause de la machine infernale, celle qui tue les génies à coup de succès, de drogues et d’argent. Le chant très aigu et plaintif de notre Roger renforce encore plus cette impression de déchéance. Waters évoque ici le côté destructeur de la musique envers des musiciens de talent, en l’occurrence Syd, et parle aussi de ses troubles mentaux. Gilmour commence alors un jeu très lyrique, puis Wright s’attelle à son synthé. Le jeu de claviers, avec cet écho particulier fait effet, de même que les accords du chevelu. « We told you what you dream… » On a fait de Syd un pantin ? Le succès du joueur de flûte au portes de l’aube a beaucoup chamboulé la vie du guitariste de Cambridge, c’est d’ailleurs son point de chute. À la fin du solo de synthé, Syd repart dans son vaisseau plein de secrets, pour se faire rire au nez. Ainsi s’éteint la première partie…

Un p'tit cigare ?

Puis revient la guitare, et la basse. Nous voilà reparti, mais pour quelle chanson ! Have a Cigar. Un jeu de basse très sophistiqué, une batterie, tenue par Mason, qui a de l’allure, la guitare soutenant le tout, et le synthé et ses fortes interventions. Puis vient un moment ou l’on attend des paroles. Je vous vois venir, Waters va chanter, ou alors Gilmour. Et ben non! C’est Roy Harper qui s’y colle. En effet Waters avait littéralement « cassé » sa voix lors de l’enregistrement de Shine on You Crazy Diamond, et ne pouvait plus chanter. Gilmour ne voulait pas la chanter, alors ce fut Harper – qui enregistrait son album dans le studio d’à côté – que l’on invita à venir chanter sur Have a Cigar. C’est la seule chanson qui soit chantée par une personne extérieure au groupe. « Allez viens garçon, prend un cigare, tu iras loin. » Cette fois-ci, Waters nous fait part du côté financier de la musique. Il prend un malin plaisir à critiquer et à descendre les producteurs dont le seul intérêt est de remplir leur compte bancaire. Ah oui, « au fait, lequel d’entre vous est Pink ? » Petite allusion à Syd… sympa cette « machine à pomper le fric », Riding the Gravy Train !!! Un solo magistral de notre chevelu grimaceur à temps perdu, et la musique semble s’effacer derrière un ampli de vieille radio…

On aimerait bien...

Single de Wish You Were Here

Arrive alors une guitare à la qualité sonore un peu faible, sortant d’une vieille radio à lampes (on entend les sifflements de la radio). Nous sommes au titre éponyme, Wish You Were Here. Nous aimerions que tu sois là… Pourtant, il était là Syd ! Il était venu vous rendre visite durant l’enregistrement de l’album, il vous a même demandé s’il pouvait enregistrer une partie guitare mais tout était déjà fait, et il a même trouvé la chanson vieillotte… L’album prend alors toute son ampleur. Les quatre membres sont alors dans tous leurs états suite à cette visite inopinée et inattendue de Syd. Les paroles de Waters sont les plus lyriques qu’il ait jamais écrites, et dire qu’elles l’étaient depuis cinq ans… Certes Pink Floyd a souvent chanté l’absence, que ce soit celle d’une personne chère ou d’une âme sœur, mais c’est ici que l’on en trouve le plus bel exemple : celle de Syd bien sûr, mais aussi celle du groupe :

« On aurait du l’appeler Wish WE Were Here car en fait, nous n’étions pas vraiment présents. » — Roger Waters.

La guitare de Gilmour renforce l’idée du manque important de Syd dans le groupe, lui qui l’avait amené au succès, lui qui avait SON groupe, lui qui écrivait et composait toutes les chansons, ou presque. Difficile de critiquer ce si bel hommage qu’est Wish You Were Here, relevant la démence de Barrett, mais aussi la situation du groupe, et le vide qu’il a laissé suite à son départ (éviction ?)… Le vent se lève et les marmonnements de Gilmour avec sa guitare partent à jamais…

Shine on, le retour

Boum boum… boum boum… boum boum… Ainsi la basse revient, pour revenir à Shine on You Crazy Diamond, comme si tout ce qui était entre les deux parties n’était qu’une parenthèse… Et enfin la guitare revient plus folle que jamais, gravissant les marches de l’aigu. Tout cela semble réellement fou, autant que la machine à faire du fric, autant que celle de Barrett. Mais non, tout s’arrête, pour revenir au thème principal. Mais personne ne sait où est Syd… Une fois de plus, et comme dans la première partie, Waters nous marmonne ses plus beaux vers, et dit à tout le monde de briller !!! C’est la fin des paroles, laissons la musique faire ce qu’elle veut, mais que veut-elle ? Elle veut du blues, le style musical que n’a jamais laissé tomber le groupe (du moins pour l’instant). Les oreilles s’ouvrent à fond, et on se laisse entrainer par la magie ainsi créée… Mais non, le son baisse, et on semble croire au final… Déjà ? Mais non, Wright nous fait encore rêver avec un lent passage au synthé dont on se délecte. Jamais un album de Pink Floyd n’avait si bien terminé, peut-être Dark Side, mais pas sûr :). Ainsi, sur les dernières notes de synthé, le diamant fou s’efface à jamais, on l’aura écouté et revu pendant 45 minutes…

En guise de conclusion

Le bruit de la route et de la pluie semble bien fade à côté de ce que je viens d’entendre, le CD est fini…

Tout le monde attendait Pink Floyd au tournant après le succès de The Dark Side of the Moon, mais le groupe a su tirer son épingle du jeu et nous a concocté un des plus bel hommage que l’on puisse faire à un ami et génie disparu. Il y a deux ans à peine, le groupe qui s’était reformé chantait encore Wish You Were Here, et Roger disait :

« C’est assez émouvant, d’être là avec ces trois gars après toutes ces années… Être là pour être compté avec vous tous… Bref, nous faisons ceci pour tous ceux qui ne sont pas ici, et particulièrement, bien sûr, pour Syd. »

Même après l’implosion du groupe, le manque est encore là.

Wish You Were Here est un des derniers albums du groupe à voir Wright comme compositeur, il signe ainsi toutes les parties synthé/piano de la longue suite Shine on You Crazy Diamond. Son habilité aux claviers, qui avait fait la marque Pink Floyd des années plus tôt, révèle une fois de plus son incroyable talent de musicien. On n’en est pas encore au manque d’inspiration ou à un écartement prématuré du groupe par un certain mégalomane… Le jeu de Mason, souvent qualifié de moyen, voire primitif, colle toujours parfaitement aux chansons, et c’est aussi ce qui fait le son Pink Floyd. Inutile d’en rajouter sur les longues phrases de guitare made in Gilmour, et au talent indéniable d’écriture (et occasionnellement de bassiste) de Waters. À la sortie de cet album, le succès touchera une fois de plus nos quatre compères, et s’en suivra une tournée mondiale. Deux ans plus tard, en pleine vague punk, Pink Floyd haussera le ton et sortira Animals



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Auteur de la page : Nova Lepidoptera.

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