The Move

Démarré par Wulfnoth, 06 Janvier 2009 à 21:07

Wulfnoth

Juste parce que c'est intolérable qu'il n'y ait pas encore de sujet sur le groupe qui a produit l'un des plus beaux titres pop que j'aie jamais entendu, et parce que Roy Wood est un grand monsieur. J'y reviendrai peut-être plus en détail plus tard.

I can't see you, I don't need you
C'est facile quand tu es gros au Japon.

Walmour

J'connaissais pas, mais c'est plutôt sympa si tu veux t'ecouter un peu de pop anglaise apparemment.
Tu conseilles quel album ?  :cigarette:

Wulfnoth

Pas facile comme question... Je ne connais que leurs trois premiers albums, et si The Move est assez égal, les deux autres (Shazam et Looking On) présentent de très bons titres et d'autres plutôt moyens. Je dirais quand même Looking On, parce que les titres bonus de la réédition CD (parmi lesquels Blackberry Way) sont vraiment énormes.
C'est facile quand tu es gros au Japon.

Walmour

On va essayer de trouver ça, merci.

manu

Ah ouiii tu m'avais fait écouter Blackberry Waaayyyy  :note: sur le chat - où je t'avais avoué que je ne connaissais quasiment pas The Move  :sueur:

Pfff mon disquaire favoris n'a même pas Looking On. Et pas un seul album sur Deezer :fouet: Faut pas se plaindre que les gens téléchargent illégalement après ça :o XD
« You can never get enough of what you don't need to make you happy. » — Eric Hoffer
« Désolée mais la trilogie de Nico... A côté, Berlin c'est Disneyland. » — E.G.

manu

Un lien pour télécharger le coffret 3 CDs Movements qui regroupe les albums The Move, Shazam et Looking On, accompagnés des singles et autres raretés. Ce n'est pas moi qu'il faut remercier mais la personne qui m'a filé le lien via les messages privés ^^

http://sakalli.blog.hr/2008/03/1624477235/move-movements-196770-256.html (les liens pour télécharger sont dans les commentaires)
« You can never get enough of what you don't need to make you happy. » — Eric Hoffer
« Désolée mais la trilogie de Nico... A côté, Berlin c'est Disneyland. » — E.G.

Wulfnoth

#6
Comme promis, je reviens sur le cas The Move. L'article de Wikipédia me semble assez détaillé pour me dispenser d'avoir à faire un historique détaillé du groupe.

The Move (1968)



Alors que le groupe existe depuis 1966, ce n'est que deux ans plus tard qu'il sort son premier album. Il a déjà assis sa réputation en classant fréquemment des singles dans le Top 10 et en provoquant divers scandales, notamment en utilisant une caricature osée du Premier ministre Harold Wilson pour promouvoir Flowers in the Rain — le procès qui s'ensuivra obligera le groupe à reverser l'intégralité des royalties liées à la chanson à des œuvres de charité. Quoiqu'il en soit, des treize titres de cet album, rares sont ceux que je pourrais qualifier de médiocres, et il s'agit peut-être de l'album le plus égal du groupe (peut-être grâce à la durée des sessions ?). Les trois reprises sont honnêtes, sans plus (Zing Went the Strings of My Heart se démarque en étant chantée par le batteur Bev Bevan d'un ton monocorde qui confine à la parodie), mais le véritable bonheur est clairement dans les titres originaux, tous de la plume de Roy Wood. On y retrouve quelques-uns des précédents singles du groupe (Flowers in the Rain, Fire Brigade), des petites perles de pop psychédélique, en bonne compagnie : Walk Upon the Water et son refrain aux harmonies enchanteresses, l'entraînante Kilroy Was Here (rien à voir avec Styx), la préciosité du clavecin de Mist on a Monday Morning, et la déjantée Cherry Blossom Clinic avec son orchestre tellement hors de propos qu'il ne fait que confirmer le ton général des paroles (« Tell the people, "What a scene", write a letter to the Queen asking her if she can come to tea »). Un album délicieux.

[Titres bonus : essentiellement les premiers singles du groupe, avec quelques inédits. Le tout premier, Night of Fear / Disturbance, annoce les choses à venir, sans plus, mais c'est surtout I Can Hear the Grass Grow qui retient l'attention.]

Something Else from the Move (1968)



Un EP live enregistré en 1968 au Marquee, réédité en appendice à Shazam en 1998, puis avec des titres supplémentaires l'année suivante. Étrangement, il se compose exclusivement de reprises, mais quelles reprises ! Le So You Wanna Be a Rock 'N' Roll Star des Byrds a une pêche folle, suivi de près par le déluge psychédélique du Stephanie Knows Who de Love. Parmi les autres, la version quasiment a capella de (Your Love Keeps Lifting Me) Higher and Higher m'attire particulièrement. Une belle preuve de l'énergie que pouvait dégager le groupe sur scène dans sa configuration originale.

Shazam (1970)



Souvent considéré comme le chef-d'œuvre du groupe... une opinion que je ne partage pas. Seulement six titres, dont la moitié sont des reprises, et loin d'être bien folichonnes avec ça — hormis peut-être la psychédélique Fields of People, mais ses dix minutes connaissent des hauts et des bas. Ne restent donc que les trois originaux de Wood, qui confirme qu'il est un auteur talentueux : Hello Susie ouvre l'album sur une note puissamment rock, aussitôt contrastée par la ballade très beatlesienne Beautiful Daughter. Le troisième titre est une version revisitée de Cherry Blossom Clinic qui acquiert là un statut quasiment mythique : de l'introduction parlée qui explose sur un « heaaaad » dantesque à la longue coda aux accents presque classiques, un sans faute. Mais quand même, quel dommage...

[Titres bonus : cf. Something Else from The Move.]

Looking On (1970)



Le son du groupe se durcit sur son troisième album, dont on a peine à croire qu'il suit Shazam de quelques mois à peine. Le départ du chanteur Carl Wayne et l'arrivée de la nouvelle recrue Jeff Lynne y sont peut-être pour quelque chose. Le son est beaucoup plus gras, plus hard — influence de Led Zeppelin ? Je trouve personnellement que le groupe y perd un peu de son âme, avec des résultats plutôt mitigés ; mais il reste toutefois The Move, un groupe imprévisible et innovateur, et Wood s'en donne à cœur joie en introduisant hautbois, sitar et violoncelle dans le son du groupe. Ainsi, la chanson-titre débute de façon plutôt banale, mais culmine sur une longue coda instrumentale de quatre minutes à se damner, la lente Brontosaurus s'agite soudain sur sa fin, When Alice Comes Back to the Farm est ponctuée de violons totalement inattendus, et l'épique Feel Too Good rappelle le passé du groupe. De façon surprenante, ce sont les deux compositions de Lynne, What? et Open Up Said the World at the Door qui tirent leur épingle du jeu, en annonçant déjà ce qui sera le son classique d'ELO dans les 70's. Un effort plutôt mitigé, dans l'ensemble.

[Titres bonus : essentiellement des singles, là encore, mais accrochez-vous à votre slip, parce qu'ils poutrent tous, sans exception. Blackberry Way domine largement l'ensemble, bien sûr, mais son entourage ne lui fait pas honte : Something et This Time Tomorrow sont de jolies ballades, Lightning Never Strikes Twice une chanson idéale pour les ruptures difficiles, Curly une petite pièce folk enthousiasmante. Une sélection ahurissante.]

Message from the Country (1971)



Désormais réduit au trio Wood-Lynne-Bevan, The Move enregistre là son dernier album : l'idée de mener de front la pop « inoffensive » du Move et la fusion classique/rock dans le cadre de l'Electric Light Orchestra fera long feu, ne serait-ce que parce que les deux projets n'étaient visiblement pas aussi étanches qu'ils auraient dû l'être : cet album rappelle énormément le premier d'ELO, sorti plus tard la même année. On a pu qualifier Message from the Country de « pop progressive », une définition qui me semble tout à fait appropriée, notamment pour la chanson-titre et The Words of Aaron, deux titres de Lynne qui m'apparaissent comme les meilleurs du lot ; la pompeuse It Wasn't My Idea To Dance de Wood n'arrive pas loin derrière. Le reste de l'album est tout aussi appréciable, quoique peut-être moins remarquable : Ben Crawley Steel Company est tout simplement amusante, la ballade No Time est plaisante, de même que les deux rockeurs de Wood (Until Your Mama's Gone, Ella James). Un chant du cygne plus qu'honorable, qui ne mérite sûrement pas l'ignorance dans laquelle il croupit.

[Titres bonus : les derniers singles du groupe. Do Ya est particulièrement prenante, et me rappelle presque le Velvet Underground (?!). La légèreté de Tonight est enthousiasmante, de même que le quasi-plagiat de Down on the Bay.]
C'est facile quand tu es gros au Japon.

Wulfnoth

#7
Quelques vidéos :

http://www.youtube.com/watch?v=q6o5F0s2SjQ#ws
Flowers in the Rain

http://www.youtube.com/watch?v=Q7oUwPIWCYI#
I Can Hear the Grass Grow

http://www.youtube.com/watch?v=hLhCPQy5AkQ#
Fire Brigade

http://www.youtube.com/watch?v=YIZxt-qgEWE#
Tonight

http://www.youtube.com/watch?v=uNClsvgv2V0#
California Man

Et, même si ça n'est pas vraiment du Move, un titre absolument énorme du premier album d'ELO :

http://www.youtube.com/watch?v=PC02EnshI5U#
10538 Overture

Malheureusement, pas grand'chose sur les sites d'écoute en ligne. Juste Message from the Country sur MusicMe et Shazam (incomplet et dans le désordre) sur Jiwa.
C'est facile quand tu es gros au Japon.