Salut à tous,
bon à mon tour de faire un petit débrief du spectacle de Waters à Lille, samedi dernier.
Ca a été un sacré bon concert, il eût été dommage de ne pas y assister. Dans l'ensemble mon point de vue se rapproche beaucoup de celui de ZeZappatiste exprimé plus haut.
Pour faire pareil, les - et les +:
Les moins:
- un peu déçu par le son, ça allait fort, très fort. Là aussi je n'étais pas dans la fosse mais dans les premiers gradins (espace Arena) juste au dessus, de trois quart (ça part contre c'était chouettos pour voir la 2eme partie...). Le son m'a paru parfois un peu écrasé, la config du Stade Pierre Monroy en est peut être aussi un peu la cause (stade coupé en deux pour le spectacle, réverbération du son sur les tribunes). Rien à voir cependant avec les "bouillasseries" déjà entendues au stade de France.
- les choristes, un peu kitsch, chorégraphie parfois un peu surprenante sur des chansons sérieuses. Interprétation professionnelle mais là aussi n'atteignent pas le climax du Great Gig in The Sky de Chantilly.
- la récurrence des thèmes propres à Waters: guerres, famines, exactions, exploitations économiques, pressions politiques, médiatiques, fumiers d'Israéliens va (sic)... etc. On a compris, on résiste, mais bon pendant 2h30 ça fait un peu bashing.
- les couleurs et atmosphères principales oscillent entre le rouge et l'orange criard, des couleurs acidulées à la Andy Warhol. Des tanks, des drones armés (y'en a plein tout le long du set) (il aime les drônes Wawa, c'est pas possible autrement), mer de sang sur Welcome to the machine, etc.. C'est bien fait, mais ça peut paraître oppressant à la longue (ok c'est voulu, mais bon..).
- Kilminster est très bon, mais c'est pas Gilmour. Déjà pas la même gratte, sans doute pas tous les mêmes effets, et pas du tout le même toucher de guitare. Ok il est très bon et assure le job, mais quand on a écouté les originaux depuis des décennies, ben ça titille un peu quelque part.
Bon allez, après tout ça c'est pas trop grave, parce que le show était vraiment bien foutu:
- Voir Waters en vrai, en forme, dynamique malgré ses 74 balais. C'est un grand monsieur qui continue à se battre pour ses convictions et à les exprimer de manière magistrale, je lui tire mon chapeau.
- les titres choisis: pas de fausse note. Certains du dernier album (Smell of Rose, Picture That) s'intègrent bien dans la continuité (on l'avait senti à l'écoute de l'album studio...). Dark Side éparpillé ici et là, un très bon Another Brick in the Wall, etc...
- le grand moment oui ok la dessus ce sont les titres d'Animals, avec la scénographie qui devient jubilatoirement infernale. Le meilleur moment du concert c'est Pigs, ça dépotte (bon ok j'ai toujours aimé cette chanson), ça crache les riffs, Wawa assène ses paroles que nous connaissons par coeur, et un Algie version 2018 vient parader au dessus des tribunes, c'est kitsch mais ça fonctionne encore plein pot, comme en 1977. L'ombre du Floyd de la grande époque plane de nouveau, et rien que ça ça met le frisson.
- La fin est bien envoyée, beau jeu de couleurs. On sort de là un peu secoué par tant de décibels et par le kaléidoscope d'images fortes. Ok aussi sur l'avis que les concerts de Gilmour sont beaucoup plus doux, feutrés, guitaristiquement plus ciselés. Waters c'est la revendication plus directe, la rage contre l'injustice, le poing en l'air pour un monde meilleur. Pas étonnant que le mélange des deux à pu produire par le passé des oeuvres hors du commun.