King Crimson, toujours deux fois...
Scans et transcription de la rétrospective King Crimson, toujours deux fois… de Sachem, paru dans Guitare Planète en 1996.
Scans
Transcription de l'article principal
King Crimson toujours deux fois...
L’album mythique, In The Court Of The Crimson King, a failli ne jamais être publié. King Crimson l’a enregistré trois fois. En juin 1969, le producteur meurt. Un mois après, le groupe se sépare de son remplaçant pour produire seul sa musique. Le troisième essai sera un coup de maître. Précurseur du rock seventies en général et du rock progressif en particulier, In The Court… sort le 10 octobre 1969. L’histoire peut se mettre en marche.
Tout commence à Bournemouth en 1967, lorsque Robert Fripp, guitariste de The League Of Gentlemen, rencontre les frères Giles – Michael à la batterie et Peter à la basse. Ils baptisent simplement leur trio “Giles, Giles and Fripp” pour enregistrer un album en quatre jours au mois d’avril 1968. The Cheerful Insanity of Giles, Giles and Fripp sort le 13 septembre et se vend à six cent exemplaires. Un échec ! Enrichi de deux personnes, Judy Dyble (ex-chanteuse de Fairport Convention) et Ian McDonald, multi-instrumentiste doué qui sera un des personnages essentiel du King Crimson, le groupe produit une démo (“I Talk To The Wind” / “Under The Sky”) et un 45t (“Thursday Morning”) / “Elephant Song”). Après les départs de Dyble et Peter Gile, il troque son nom banal contre un patronyme ambitieux : Le Roi Pourpre, King Crimson.
Accession au trône
En 1969, Fripp et ses acolytes sont installés à Londres depuis quelques mois. Ils ont conscience que leurs gentillettes comptines n’interressent personne. Depuis Sgt Pepper et les bouleversements de 1968, tout est permis. Les formes musicales s’étirent en délires lysergiques, les couleurs s’arrondissent, tourbillonnent, le rêve est maître de la création musicale. Pink Floyd est roi d’un nouveau genre : le psychédélisme. King Crimson a des ambitions. Afin de les concrétiser, il embauche Greg Lake (ex-bassiste-chanteur des Gods) et Pete Sinfield (lequel jouait dans Infinity avec McDonald) comme parolier, road-manager et concepteur de light-show. C’est d’ailleurs lui qui baptise le groupe à partir d’un de ses textes, “in The Court Of Crimson King”, écrit pendant un trip d’acide. Après des débuts officieux, le 13 janvier 1969, au Fulham Palace Cafe, le groupe se teste sur scène en février-mars sous son ancien nom. King Crimson se produit pour la première fois le 09 avril 1969 au speakeasy de Londres. A partir de là, l’accession du Roi au trône – ou plus exactement de son Ministre des Ministres, Robert Fripp – sera irrésistible. Quelques télévisions (Top Gear BBC le 6 mai 1969) et concerts prestigieux (première partie des Rolling Stones à Hyde Park le 5 juillet 1969, le lendemain de la mort de Brian Jones !) précéderont l’album historique qui, de sa pochette à sa musique, ouvrira la décennie musicale en avance de plusieurs longueurs.
Un visage cramoisi autour d’une bouche énorme : Ce dessin de Barry Godber, jeune illustrateur qui décédera le 24 février 1970, frappe d’entrée les imaginations. Le premier titre de l’album, “21st Century Schizoid man”, lui prête main forte. Greg Lake hurle (déjà) le malaise d’une génération, le sax de McDonald est hargneux et syncopé, les cymbales volent en éclats, la guitare de Fripp se moie dans les décibels et les volutes d’un tout nouvel instrument qui fera le son “Crimson” : le mellotron (machine qui restitue à travers un clavier des sons de cordes et de voix). Le monde est abasourdi. Avec on rock symphonique et psychiatrique, King Crimson part conquérir l’Amérique. Conquête qui tourne court dès décembre 1969 à cause des départs de Giles et de McDonald que Fripp essaie en vain de négocier contre le sien. Même si Jimi Hendrix envisage un temps de faire partie du groupe, Fripp, Lake, Sinfield et Blue-Berry ont bien du mal à trouver des remplaçants. Ils se transforment donc en noyau dur, autour duquel graviteront de multiples invités. Cette formule se disloque, pourtant dès avril 1970, au beau milieu des sessions studio du deuxième album. Lake rejoint Keith Emerson (Nice), qu’il avait rencontré aux Etats-Unis au cours d’un concert commun de leurs groupes. Avec le batteur Carl Palmer, ils fondent alors ELP. Le single (“Cat Food” / “Groon”), sorti en février, précède de deux mois l’album In The Wake Of Poseidon - exact pendant du premier disque - . Outre les frères Giles et Ian MacDonald, on y retrouve Keith Tippett au piano fou, Mel Collins aux instruments à vents et Gordon Haskell (ex-League Of The Gentlemen) pour chanter un titre que Lake avait oublié avant de partir. Ces trois musiciens poursuivront l’aventure sous la férule de Fripp.
Le groupe s'effiloche
Robert Fripp a besoin de certitudes. Le guitariste est un personnage aux semblants froids qui, même s’il est modeste, se fait une haute idée de son talent : “Nous ne sommes pas du tout un groupe de rock mais un orchestre de musique contemporaine” Il se veut en outre metteur en scène. King Crimson sera “son” groupe. Il embauche ainsi Andy McCullough (futur Greenslade) à la batterie, est donne la basse, en plus du micro, à Haskell. Ces gens seront ses interprètes. Tandis que Mc Donald et Giles sortent un album durant l’été 70 (McDonald and Giles), dans lequel ils règlent leurs comptes avec Fripp (“Cadences and Cascades” sur Poseidon, c’est de nous !), Fripp écrit un chef-d’œuvre : Lizard. Sorti le 11 décembre 1970, ce disque réussit l’intégration musicale occidentale (musique de chambre, improvisation jazz) au rock. Une alchimie aux écueils traîtres sur lesquels s’abîment trop de ses confrères anglais. Fripp visite Ravel avec “The Peacock’s Tale” (chanté par Jon Anderson de Yes), ou approche les harmonies modernes de Bartok, tout en gardant son expression rock.
Hélas, le groupe s’effiloche encore. L’enregistrement de Lizard n’est pas terminé que Gordon Haskell quitte King Crimson, suivi par Mel Collins et McCullough. Fripp et Sinfield annulent dès lors leur tournée afin de chercher les musiciens idéaux. Mel Collins revient finalement en janvier 71, mais Rick Kemp (bassiste) part après seulement trois jours de répétitions. Boz Burrel, engagé le 13 février pour sa voix, est obligé d’apprendre la basse pour garder sa place. Son patron, Robert Fripp, n’envisage pas son groupe autrement qu’avec un bassiste-chanteur. Avec le batteur Ian Wallace (ex-Warriors, premier groupe de Jon Anderson), King Crimson est au complet. En avril et mai 71, il reprend les concerts abandonnés depuis un an et demi, puis il entre en studio en juin. Le quatrième album, Islands sort début décembre, à la fin d’une tournée de quatre mois en Grande Bretagne, au Canada et au Etat-Unis. Pensé comme le précédent, le quatrième disque n’en a pas la saveur. Il est terne. La symbiose entre les musiciens échoue et la complicité entre Fripp et Sinfield semble inexistante. Le parolier prend acte de la domination du guitariste sur la démarche du groupe : il annonce son départ le 1er janvier 1972. Fripp commentera le divorce, deux ans plus tard, en estimant que “Cette séparation fut fondamentale parce que j’ai vu Bob Fripp devenir Robert Fripp. Il me semble que plus Sinfield devenait important, moins le groupe était bon”
Le départ du parolier est pourtant déstabilisateur. A l’issue de la tournée américaine de février-mars 72, il est convenu que les musiciens se sépareront. Mais de l’autre côté de l’Atlantique, Fripp prendra conscience que King Crimson est sa chose.
Contre-pouvoir
Au cours des concerts américain que King Crimson donne du 11 février au 1er avril 72, Fripp devient le patron. Le contre pouvoir de Sinfield, membre originel du groupe, n’existe plus. Fripp est le seul compositeur, l’image du groupe, celui auquel le public et la presse se réfèrent. Quand Mel Collins, Ian Wallace et Roz Burrel, de retour en Angleterre, intègrent Snape – le groupe de Alexis Korner – (Mel Collins ira ensuite chez Camel et Boz Burrel chez Bad Company jusqu’en 1987), Robert Fripp s’affiche comme le dépositaire légal du trésor du Roi.
Le 09 juin il sort Earthbound, un album live au son digne d’un mauvais bootleg. Refusé par le marché américain, le disque n’est toujours pas édité en CD. Il est plus le symbole du total pouvoir de Fripp q’un joyau de la couronne du Roi Pourpre. Sûr de lui, le guitariste forme un nouveau gouvernement. John Wetton (ex-Mogul Trash et Family) avait failli intégrer le groupe en janvier 71 – une semaine plus tôt Burrel avait fait l’affaire … - Le 30 octobre, il tape le bœuf avec King Crimson à Manchester. Fripp l’engage enfin en juillet 7 avec Jamie Muir (percussions), David Cross (violon) et Bill Bruford (batterie). Ce dernier avait quitté Yes le 27 mars 72 à Boston, après un concert dont King Crimson assurait la première partie. On dit que le spectacle l’aida à prendre sa décision. Un été de répétitions et le 13 octobre, le nouveau King Crimson part en rodage sur scène jusqu’au 15 décembre 72.
Tongues and bible
C’est en public que sera forgé le nouveau répertoire de King Crimson. Cinq fortes personnalités y jouent et chacune à son importance : les compositions sont communes pour la première fois depuis In The Court Of The Crimson King.Même si, derrière une apparente répartition des pouvoirs, se cachent les directives, celle-ci se font plus conseils qu’injonctions. Fripp a confiance en ses musiciens. S’il est placé au centre de la scène, c’est en chef d’orchestre et non en directeur de conscience. Au moment où paraît Still - premier et dernier album de Peter Sinfield, sur lequel on retrouve pas moins de six anciens membres de King Crimson – sort Larks’ Tongues in Aspic. Il est fêté par deux concerts au Marquee, les 10 et 11 février 1973. Malade, Jamie Muir restera au lit. Il se retire finalement de la scène pour devenir moine. King Crimson entame donc sa première tournée européenne en quatuor. De mars à juin puis de septembre à novembre 1973, le groupe donne 105 concerts ! Le nouvel album, Starless And Bible Black (février 74) en est l’issue logique. Là encore des chansons sont nées sur scène. Mais ces improvisations sont devenues tellement parfaites que leurs enregistrements live sont gardés pour l’album. Seuls deux titres sur huit ont été enregistrés en studio. Larks’ Tongues In Aspic et Starless And Bible Black reprennent l’essentiel et l’esprit du premier album. Ils fabriquent une matière brûlante et agressive, mais néanmoins sensible. Une sorte de jazzitude. De plus, ils cherchent la structure parfaite. Celle qui permet à la basse et la batterie de jouer autour – et non plus derrière – les cordes solistes de la guitare et du violon. En mars, King Crimson repart en tournée pour quatre mois. Le concert du 1er juillet 74 à Central Park (New York) sera le dernier. David Cross tire sa révérence. Mais Fripp, coriace, s’enferme en studio avec Wetton et Bruford. Une face d’album (deux titres) sera tirée des bandes live sur lesquelles Cross est présent. Trois autres titres seront enregistrés avec des invités “surprises” : Mel Collins et Ian McDonald. En août et septembre, ce dernier sera d’ailleurs membre à part entière du groupe avant que Fripp, par un communiqué du 28 septembre 1974, n’informe le public que “King Crimson have ceased to exist” (“King Crimson a cessé d’exister”). Red, enregistré en juillet, voit tout de même le jour en octobre. Le live USA (enregistreement de l’avant dernier concert du groupe, le 30 juin 74 à Providence, avec quelques overdubs studio d’Eddie Jobson – Roxy Music – au violon), sort en avril. The Young Persons Guide To King Crimson, compilation avec deux inédits supervisée par Fripp en personne, paraît en novembre 75.
Rouge, bleu, jaune
Plus tard, Ian McDonald fondera Foreigner avec Mick Jones. John Wetton jouera avec Roxy Music, UK (où il retrouve Bill Bruford), Atoll (groupe français avec lequel il a composé “Here Comes The Feeling” qui deviendra le tube d’Asia avec qui il s’associera par la suite), pour finir en solo. Bill Bruford tournera, entre autres, avec Gong, Pavlov’s Dog et Genesis, avant de retrouver Robert Fripp pour une reformation de King Crimson. “Le roi est mort, vive le roi”, clame Fripp en 1981. En sept ans, il ne s’est pas ennuyé : tournée et production avec Peter Gabriel, avec ses albums solo, avec Ena ou encore The League Of Gentlemen (nom qu’il reprend quinze ans après). Il a parfait sa technique et surtout sa palette sonore. “Ecrire une chanson ou jouer sur scène n’a pas plus de valeur dans ma vie que d’aller faire les courses. Ce qui m’intéresse surtout, se sont les sons”, ira-t-il jusqu’à dire. Après sa guitare-tronçonneuse, les “Frippertronics”, courts effets sonores en boucles, deviennent sa nouvelle marque de fabrique. En avril 81, avec Adrian Belew (ex-Zappa et Talking Heads), Bill Bruford et Tony Levin (Le phénoménal bassiste chauve de Peter Gabriel), il baptise son nouveau groupe Discipline. Les concerts de mai où la cohérence musicale se forme, où la musique prend le temps d’advenir physiquement, le convainquent que King Crimson peut renaître. L’album qui sort en septembre s’appelle Discipline. Sa pochette rouge annonce la bleue de Beat (1982) et la jaune de Three Of A Perfect Pair (1984). Une trilogie aux motifs répétitifs qui s’interpénètrent, aux sonorités et effet imaginaires, aux accords métalliques et dédoublés, aux formes pré-industrielles presque parfaites. Quand cette démarche tourne en rond, Fripp dissout le groupe après un dernier concert à Montréal, le 11 juillet 1984.
Vroom, c'est parti !
Après de multiples projets aux noms variés (Sunday All Over The World avec sa femme Toyah, League Of Crafty Guitarists, The Robet Fripp Strings Quintet), Fripp sort, au début des années 90, deux coffrets de quatre CDs chacun. Frame By Frame compile en quatre épisodes, dont une live, la vie de King Crimson. Des remixes, des inédits live et un livret de plus de 60 pages sont d’un attrait évident. Le deuxième coffret, The great Deceiver, est un des plus intéressants qui existent. Il ne propose pas moins de cinq concerts de la grande tournée 1973-74 (185 concerts !). On se régale de quelques inédits (dont “Doctor Diamond” bien connu des bootlegs) et surtout d’une quinzaine d’improvisations, lot commun du King Crimson sur scène. Magique ! En 1993, Fripp met un terme à la remasterisation en “definitive edition” du catalogue de son groupe par une nouvelle compilation, The Concise KC. Enfin l’année dernière, après un live solo, 1999, et deux excellents albums avec David Sylvian, le mini-LP Vrooom, donne vie au nouveau King Crimson. Fripp, qui ne lance pas la formule “Crimso” pour rejouer le passé, innove en recrutant deux batteurs (Bruford et Pat Mastelloto) et deux bassistes (Tony Levin et Tray Gunn). Avec Adrian Belew à la deuxième guitare, ce seront donc deux trios qui se battront en duel sur la scène du Zénith le 13 mai prochain. Vrooom préfigure l’album qui sort le 3 avril. Il s’agit de titres, définitifs ou non, que Fripp souhaitait sortir chez Virgin. La maison de disques les a refusés pour se contenter de l’album. Le guitariste les a donc apportés à un petit label suisse Cod-Tuxedo, trop content de cette aubaine. Décidément, Robert Fripp ne fait pas les choses comme tout le monde.
— Sachem
Transcription des interviews
Bill Bruford
Bill Bruford est considéré comme un des meilleurs batteurs au monde. Admiré et recherché par ses pairs pour sa frappe unique, il reste discret. Pour la troisième fois, il laisse tout tomber pour travailler avec King Crimson. “Ce groupe est un outil que l’on peut descendre de son étagère quand on en a besoin. Robert Fripp le voit comme ça. C’est également mon point de vue. J’ai quitté Yes en 1972 pour rejoindre King Crimson parce que je sentais qu’à court terme Yes allait se répéter, et devenir de moins en moins créatif.” Bill Bruford dénonce la grande réunion de Yes de 1991 par cette formule péremptoire : “Too much money!”
Il a rejoint Robert Fripp pour le simple plaisir de la création. “King Crimson est toujours intéressant. A chaque fois, il change. Ce n’est pas une reformation mais une réincarnation. On ne refait pas la même chose. On part d’une base établie pour en dépasser aussitôt les frontières. King Crimson ne s’intéresse pas à lui-même.” Une démarche que l’on pourrait assimiler à celle du jazz que Bruford pratique et aime depuis longtemps. “Certes, King Crimson est plus dur, mais beaucoup de ses attitudes rejoignent celles du jazz : le désir de tenter des changements, de repousser ses limites, la manière dont chaque instrument trouve sa place. L’enregistrement du dernier album avec six personnes dans la même pièce sans aucune machine c’est fait dans cet esprit. Même s’il n’y a pas d’harmonies jazz dans la musique de King Crimson, on peut dire qu’il s’agit d’un heavy metal joué par des musiciens qui connaissent le jazz. Je suis sûr que ce heavy metal intelligent a influencé le son de Seattle. Kurt Cobain disait que Red était un de ses albums préférés.” Bruford porte manifestement King Crimson dans son cœur. “Entre King Crimson et moi c’est une histoire d’amour, un peu pénible, mais cela reste mon groupe préféré.”
— Sachem
Tony Levin
Tony Levin n’est pas un simple bassiste. Il manœuvre un stick dont le jeu s’apparente autant au piano qu’à une basse traditionnelle. Habitué des grandes scènes, il a prêté main-forte à Pink Floyd, Paul Simon, Richie Samborra ou Yes, sans oublier Peter Gabriel avec qui il joue depuis 1976. Toutefois, il ne se considère pas comme “session man”. “Je tiens à mettre du mien dans toute musique que je joue. Je suis ce genre de musicien qui s’investit totalement dans tout ce qu’il entreprend. Derrière la notion de “session man” se cache un musicien qui joue exactement ce qui lui est demandé. Je dépasse cette définition. Par exemple, je suis d’autant plus en symbiose avec la musique de Peter Gabriel que je la pratique depuis longtemps”.
Il s’emballe autant pour King Crimson dont il est membre à part entière. “Quant Robert m’a demandé si cela m’intéressait de jouer pour le nouveau King Crimson, j’ai foncé. Je ne pouvais pas me permettre de ne pas contribuer à ce défi créatif. On ne sait pas vers quoi on tend avec ce groupe, mais on sait que l’on tente des changements. C’est l’esprit de King Crimson, la nature même du groupe, avec deux batteurs, deux guitaristes et deux bassistes, appelle l’innovation. C’est Robert Fripp qu souhaitait ce partage du groupe en deux trios. Je respecte ce choix, car Robert dirige King Crimson. J’ai fait en sorte qu’il y ait des suites positives. Avec Trey Gunn, le deuxième bassiste. Nous nous sommes enrichis l’un l’autre. Et je crois que ça donne quelque chose de très bien. Ce groupe est le pari musical le plus excitant auquel j’ai pu participer.”
— Sachem
Matériel : Tony Levin joue, Chapman sur des sticks NS et Music Man (fretted et fretless).
Adrian Belew
Les états de services d’Adrian Belew forment une longue suite de collaborations prestigieuses. A la fin des années 70, ce musicien débute à l’ombre de Frank Zappa, David Bowie et des Talking heads. Il apparaît au grand jour en 1981 avec la première renaissance de King Crimson dont il devient guitariste et chanteur. Plus récemment, il enregistre avec Paul Simon, Mike Oldfield, Crash Test Dummies ou Nine Inch Nails, et se produit avec Bowie. Sa carrière solo, qui compte sept albums, est loin d’être négligeable. “Je préfère de loin appartenir à un grand groupe comme King Crimson et mener une carrière solo parallèle, plutôt que de jouer en invité sur d’autres albums, de produire des groupe ou d’écrire des musiques de film. Ces activités sont secondaires. Je suis très fier d’être membre du nouveau King Crimson.” S’exclame-t-il. “Il y a trois ans, j’ai rendu visite à Robert Fripp en Angleterre. Là, il m’a annoncé son intention de former un nouveau King Crimson. Je l’ai tout de suite encouragé. Ca m’intéressait beaucoup. Robert et moi avons contacté ensemble les autres musiciens.” Avec Robert Fripp, il forme un duo complice. “Nous sommes complémentaires. Il n’y a pas de compétition entre nous. Nous travaillons chacun dans un domaine précis. Nous avons des sons de guitare et des manières de jouer différentes.” Ce qu’il résume par la formule : “Robert compose, moi j’écris des chansons.” Avant d’ajouter : “Je m’occupe aussi des paroles puisque je chante.” La confiance règne. Ce qu’Adrian Belew confirme par cette vision optimiste : “Je suis convaincu qu’on va continuer et aller plus loin, je suis sûr que King Crimson vivra longtemps.
— Sachem
Auteurs de la page : Alistair (scans), Mnzaou (transcription).