Questionnaire with Nick Mason
Traduction de l’article Questionnaire with Nick Mason, paru en août 1995 dans Q Magazine. C’est une interview de Nick Mason – absolument hilarante !
Q : « Quelle est la première chose que vous faites en vous réveillant ? »
Nick Mason : « Avant tout, je vérifie les occupants du lit : femme, jeunes enfants, etc. D’après ces informations, je détermine si une partie de jambes en l’air est au programme. Sinon, c’est porridge. »
Q : « Quel est le premier concert auquel vous ayez assisté ? »
Nick Mason : « Un concert de Tommy Steele, en 1956, je crois. Ses prestations dans l’émission 6.5 Special ont été mon premier contact avec le rock’n’roll. Après ça, je devais aller le voir1). »
Q : « Quelle chanson auriez-vous aimé écrire ? »
Nick Mason : « Presque n’importe laquelle de Dylan. Je pense qu’on peut ambitionner de s’élever à son niveau sur n’importe quelle chanson, même si Masters of War2) me vient aussitôt à l’esprit : cette capacité de faire une déclaration politique chargée de sens sans jamais être prétentieux. Si vous m’aviez demandé sur quelle chanson j’aurais voulu tenir la batterie, je pense qu’il s’agirait de quelque chose de Cream… sans doute N.S.U.3). »
Q : « Quel est le meilleur conseil que vous ayez reçu ? »
Nick Mason : « Je crois que c’est Noel Redding qui l’a le mieux exprimé : “trouvez-vous un avocat et achetez un flingue”. Ça, ou bien “si vous faites une erreur, regardez toujours le bassiste avec un air de reproche”. »
Q : « Quel est votre bien le plus précieux ? »
Nick Mason : « La voiture de course du moment, quelle qu’elle soit. Ces temps-ci, c’est une Maserati comme celle dans laquelle Stirling Moss a remporté la victoire au Nürburgring en 1960. »
Q : « Quelle est la dernière personne avec qui vous avez dormi ? »
Nick Mason : « Cf. question 1. »
Q : « Que pensez-vous de Bob Dylan ? »
Nick Mason : « Crucial. Il a produit de belles choses, a fait n’importe quoi, puis a continué à produire de belles choses, plutôt que d’agir comme les gens s’attendaient à ce qu’il agisse, c’est-à-dire : produire de belles choses, faire n’importe quoi, devenir cinglé et exploser. Et je trouve cela très attachant. Cela dit, je ne supporte pas ses chansons. »
Q : « Quand avez-vous pleuré pour la dernière fois, et pourquoi ? »
Nick Mason : « Je suppose que c’était au moment de la naissance de mon dernier fils, Cary. Heureux et soulagé. »
Q : « Quelles caractéristiques pensez-vous avoir hérité de vos parents ? »
Nick Mason : « La capacité d’éviter les conflits. Et une passion pour le sport automobile. Je pense que ce doit être plus génétique qu’environnemental. »
Q : « Quelle est la plus grosse idée reçue sur la célébrité ? »
Nick Mason : « Eh bien, vous ne demandez pas à la bonne personne, vu que je ne suis pas célèbre ; je fais partie d’un groupe célèbre, ce qui est quelque peu différent. Les gens plus véritablement célèbres semblent être poussés par l’idée que la gloire les fera se sentir mieux, et quand ils découvrent que ce n’est pas le cas, ils essaient de remplir le vide avec encore plus de gloire. Donc oui, Pink Floyd est composé d’individus dangereusement brisés, et nous ne sommes toujours pas assez célèbres ! »
Q : « À quoi ressemblez-vous quand vous êtes ivre ? »
Nick Mason : « Je ne suis pas comme autrefois, quand nous étions incapable de faire un bon concert à moins d’avoir engourdi nos sens à coups de rhum et de Stone’s Ginger Wine. Désormais, je suis un peu plus bruyant… et un incroyablement bon conducteur. »
Q : « Qui pourrait vous faire jouer dans un film ? »
Nick Mason : « Quelqu’un de très britannique. Kenneth More, peut-être, ou Robert Donat4). »
Q : « Décrivez-vous en cinq mots. »
Nick Mason : « Ironique, réservé, négligent, distrait, motivé. »
Q : « Y a-t-il une critique que vous ruminez encore ? »
Nick Mason : « Je me souviens d’une critique de Robin Denselow (en), il y a des années de cela. Il disait que nous avions donné un concert assez médiocre, et j’étais forcé d’être d’accord avec lui. Tout le monde nous avait léché les pompes d’une façon ou d’une autre, et cela m’avait impressionné qu’il nous ait vraiment écouté. Une autre l’an dernier, dans le Chicago Sun, une critique de concert qui m’a tellement énervé que j’ai écrit au journaliste. Il disait que nous étions trop gros, ce qui me semblait déplacé. En fait, j’ai reçu une réponse tout à fait plaisante, dans laquelle il retirait cet élément de sa critique, donc j’imagine que cela en valait la peine. Les critiques croient que même les remarques les plus acides glisseront comme l’eau sur les plumes d’un canard. Mais cela fait toujours mal, parfois. »
Q : « Croyez-vous en Dieu ? »
Nick Mason : « Non, mais il m’arrive souvent de me dire que j’aimerais. Je crois en God Dylan. »
Q : « Quel est votre pire défaut ? »
Nick Mason : « En fin de compte, peut-être que le plus douloureux est mon incapacité de faire face aux choses. Mais je suis aussi terriblement taquin, et je peux nommer un certain nombre de personnes qui peuvent en témoigner. Devant la cour, si besoin est. »
Q : « Quelle est votre plus grande peur ? »
Nick Mason : « La mort. Je ne connais rien de plus terrifiant. »
Q : « Quelles ambitions vous reste-t-il ? »
Nick Mason : « J’aimerais être un peu meilleur dans les choses que je fais déjà. Par exemple, ça ne me dérangerait pas d’être un meilleur batteur. J’ai conduit au Mans, ce qui avait toujours été une grande ambition5), mais je ne serai jamais champion du monde automobile. Donc, je serais heureux d’être juste un meilleur conducteur. »
Q : « Avez-vous peur de l’échec ? »
Nick Mason : « Je suppose que oui, sans quoi je ne me donnerais pas tant de mal pour réussir. Je n’aimerais pas être raillé par mes pairs, mais il faut prendre le risque. Qui ne tente rien n’a rien. »
Q : « Qu’emportez-vous toujours en partant de chez vous ? »
Nick Mason : « La certitude d’avoir éteint le gaz. »
Q : « Qui est votre meilleur ami, et votre meilleure amie ? »
Nick Mason : « Je n’ai pas vraiment eu de « meilleur » ami depuis que Roger a quitté le groupe. Ma meilleure amie est ma femme. J’apprécie sa compagnie… et si je nomme une autre personne, elle me tuerait. »
Q : « Qui aimeriez-vous rencontrer ? »
Nick Mason : « On dirait une de ces questions qu’ils posent dans Desert Island Discs6) : choisissez-vous vraiment vos 10 albums préférés, ou juste ceux qui vous font passer pour quelqu’un de bien ? C’est pareil ici : que je dise « Noel Edmonds »7) n’a aucun sens, parce que même si je voulais le rencontrer, cela ne me rendrait pas plus attachant pour le lecteur. Cependant, je suis très heureux d’avoir rencontré Ayrton Senna, et deux personnages historiques avec qui je n’aurais pas refusé de dîner sont Groucho Marx et Stravinsky, dont les journaux sont hilarants. »
Q : « Quelle musique voudriez-vous que l’on joue à votre enterrement ? »
Nick Mason : « Je ne voudrais pas de musique. J’aimerais que l’enterrement soit annulé en raison du fait qu’en fin de compte, j’allais bien. Mais si j’étais sadique, je dirais la totalité de Inna-Gadda-Da-Vida (sic) d’Iron Butterfly. »
Q : « Aimez-vous ce que vous voyez dans votre miroir ? »
Nick Mason : « Je n’aime pas ce que je vois, mais j’ai appris à vivre avec. J’aimerais voir une vraie pop star me rendre mon regard. »
Q : « Avez-vous quelque chose à déclarer ? »
Nick Mason : « Aux impôts : je n’habite pas ici ! Également, que j’ai dit la vérité, toute la vérité et quelque chose comme la vérité… Alors, puisse Bob m’aider. »
Auteurs de la page :
Wulfnoth (traduction, notes, mise en page),
manu (intro, note, mise en page).