Outils pour utilisateurs

Outils du site


presse:la-saga-de-pink-floyd

La Saga de Pink Floyd

Transcription de l’émission La Saga de Pink Floyd (fr) diffusée sur RTL le samedi 1er avril 2006.

Pink Floyd reste un des groupes les plus célèbres de la musique pop, pionnier du rock psychédélique ou cosmique, de la musique planante. Réunis pour la première fois depuis 24 ans à l’occasion du Live 8 en juillet 2005, les quatre musiciens restent très évasifs quant à une éventuelle reformation. Pour l’instant, l’héritage de Pink Floyd est géré par deux entités parallèles, avec d’un côté David Gilmour et Rick Wright, et de l’autre Roger Waters et Nick Mason. David Gilmour vient de publier son troisième album solo, On an Island. Roger Waters sera en concert le 14 juillet à Magny-Cours. A cette occasion, une rétrospective de trois heures est consacrée à Pink Floyd, le groupe grâce auquel se sont imposés ces quatre musiciens qui s’expriment tour à tour au micro de Saga.

Pink Floyd reste un des groupes les plus connus de la musique pop, en tout cas un des plus écoutés. Le rock psychédélique ou cosmique, la musique planante, les light-shows, toutes ces influences dues à Pink Floyd ont laissé une marque indélébile dans la musique populaire et dans le cœur d’un vaste public.
Le 2 juillet 2005 à Londres, pour la première fois depuis 24 ans, les quatre musiciens de Pink Floyd étaient réunis sur la même scène à l’occasion du Live 8. Malheureusement, cette réunion est restée ponctuelle et quand on les interroge sur l’avenir du groupe, les musiciens sont plutôt évasifs, ouverts à toute éventualité, mais sans vraiment s’engager.
L’actualité la plus récente pourrait même faire penser qu’il y a maintenant deux Pink Floyd avec d’un côté David Gilmour et Rick Wright et de l’autre Roger Waters et Nick Mason.
En effet, Roger Waters a annoncé que Nick Mason serait à ses côtés pour son concert du 14 juillet prochain à Nevers Magny-Cours, où il jouera l’intégralité de Dark Side of the Moon.
Quant à David Gilmour, il a fait appel au clavier Rick Wright pour sa tournée actuelle et pour l’enregistrement de son nouvel album, On an Island. C’est son troisième album solo, et on y remarque beaucoup d’autres participations, notamment Phil Manzanera, Robert Wyatt, Jools Holland, Chris Stainton, et Georgie Fame, ainsi que David Crosby et Graham Nash dans les chœurs sur le titre générique.

C’est Roger Waters qui est à l’origine de la formation de Pink Floyd. Originaire de Cambridge, c’est d’abord au lycée qu’il rencontre Syd Barrett et David Gilmour. A Londres, où ils continuent ensuite leurs études, leurs chemins vont se croiser avant de se confondre.
Roger Waters rappelle comment le groupe s’est mis en place.

« Syd Barrett n’habitait pas très loin de chez moi. Il était d’un an plus jeune et nous étions amis car nos parents se fréquentaient. Nous allions également au même cours de peinture à l’école quand nous étions petits, si bien que lorsque j’ai quitté Cambridge pour aller à Londres étudier l’architecture, nous avions fait le pacte de nous retrouver l’année d’après, lorsqu’il viendrait lui aussi apprendre la peinture, et de monter lui et moi un groupe. Lorsqu’il a débarqué, j’avais déjà sympathisé et démarré plusieurs groupes avec Nick Mason et Rick Wright qui étaient étudiants dans la même école que moi. »

Quant au nom du groupe, Pink Floyd, c’est Syd Barrett qui en a eu l’idée, en réunissant les prénoms de deux chanteurs de blues géorgiens, Pink Anderson et Floyd Council.

Pink Floyd prend sa forme définitive au cours du printemps 1966. Rick Wright est aux claviers, Roger Waters à la basse et Nick Mason à la batterie. Ils entourent celui qui apparaît comme le premier leader du groupe, le guitariste chanteur Syd Barrett.
Dès cette époque, Pink Floyd joue tous les dimanches après-midi au Marquee et devient petit à petit le groupe officiel de l’underground londonien.
En octobre 1966, à la Roundhouse de Londres, ils participent au lancement du magazine IT. Cet événement constitue leur véritable démarrage. A partir de ce moment, ils vont servir de référence à tout le mouvement rock psychédélique. Début 1967, après une première tournée anglaise, ils signent chez EMI et publient le 45-tours Arnold Layne qui atteint la 20ème place du hit-parade.

Pink Floyd est à cette époque le groupe attitré du club UFO où ils expérimentent les tout premiers light-shows.
Syd Barrett crée une musique à son image, trouble et violente, bizarre, ambiguë et hallucinée. C’est ce que l’on retrouve sur leur premier album, The Piper at the Gates of Dawn, qui paraît le 5 août 1967. Ce premier disque est l’œuvre presque exclusive de Syd Barrett qui a même réalisé le dessin du verso de la pochette. À lui seul, il incarne Pink Floyd, mais cette situation ne va pas durer. Lors de la tournée américaine qui suit, la folie débridée de Barrett prend des proportions qui mettent en péril l’avenir du groupe.
Le 18 janvier 1968, son ami, le guitariste David Gilmour, est engagé pour le remplacer. Le 6 avril, Syd ne fait plus partie de Pink Floyd.

C’est à Londres, le 29 juin 1968, dans le cadre d’un des fameux spectacles gratuits de Hyde Park, que Pink Floyd présente son deuxième album, A Saucerful of Secrets.
Enthousiaste et unanime, la critique redonne au groupe cette assurance que le départ de Syd Barrett avait entamée. Syd, qui a participé ici à trois titres sans être crédité, enregistrera deux albums solo qui paraîtront en 1970 : The Madcap Laughs et Barrett.
C’est Roger Waters qui apparaît alors comme le nouveau leader de Pink Floyd. Mais Roger n’a jamais oublié ce que le groupe et lui-même doivent à Syd Barrett.

« Syd était l’âme du groupe. Il écrivait, composait la plupart des morceaux. C’est son génie, sa créativité qui nous ont fait remarquer et démarrer en premier lieu. Sans lui, ça ne serait pas arrivé. Si bien que lorsqu’il est tombé malade et qu’on s’est retrouvés seuls, on a dû s’y mettre. C’était ça ou retourner aux études. Alors, on s’est tous mis à la composition et c’est à ce moment que j’ai découvert que j’avais quelque chose à dire et que je pouvais chanter. Grâce à Syd. »

À partir de 1969, Roger Waters accroît son emprise sur Pink Floyd. Cela se traduit par des compositions de plus en plus longues, des tournées de plus en plus gigantesques, et par une certaine forme de grandiloquence que les fans de l’époque Barrett ne lui pardonneront pas.
En juillet 1969, Pink Floyd propose More, une musique écrite pour le film de Barbet Schroeder qui porte le même titre. Le film et la musique remportent un grand succès populaire, ce qui incite le groupe à continuer dans cette voie.
L’année suivante, ils composent la bande originale du film d’Antonioni Zabriskie Point. Finalement, le réalisateur italien n’en retient que trois morceaux. Mais rien ne sera perdu et Pink Floyd reprendra le matériel écarté dans ses albums suivants.

En octobre 1969, Pink Floyd publie Ummagumma. C’est un double album qui se présente en deux parties bien distinctes.
La première est un disque en public, une sorte de « best of » qui résume la première partie de leur carrière et qui souligne la parfaite maîtrise et la cohésion du groupe.
La seconde est un disque qui a été enregistré en studio. Il permet à chacun des quatre musiciens de donner libre cours à son inspiration créatrice et il définit la nouvelle orientation du groupe.

Au cours de l’été 1970, Pink Floyd participe au Festival de Bath. Ils y présentent Atom Heart Mother, une nouvelle création rehaussée par des chœurs, une section de cuivres et des feux d’artifices.
L’album Atom Heart Mother sort en octobre 1970 et suscite un intérêt irrésistible qui propulse Pink Floyd à la première place du hit-parade anglais. C’est un disque charnière entre le rock proposé sur Ummagumma et la sophistication que l’on découvrira sur The Dark Side of the Moon.
C’est aussi la seule expérience symphonique de Pink Floyd, avec la participation de l’expert en électronique Ron Geesin. C’est ce même Ron Geesin que l’on retrouvera sur le premier album solo de Roger Waters, Music from The Body.

Le 13 novembre 1971 marque la sortie de Meddle, un album qui reçoit un accueil un peu plus tiède que le précédent, Atom Heart Mother. Il faut dire que, comme c’est le cas pour de nombreux groupes anglais ou américains au début des années 70, Pink Floyd traverse une période de relative stérilité.
La première partie de l’année 1972 est consacrée à une tournée en Angleterre, au Japon et aux Etats-Unis, entrecoupée de séances d’enregistrement pour le film La Vallée de Barbet Schroeder. La bande originale de ce film paraît en juin 1972, sous le titre de Obscured by Clouds. Pink Floyd ne réédite pas le succès de “More”, mais se classe tout de même N°6 en Angleterre.
D’abord destiné aux télévisions européennes, le film Live at Pompeii est officiellement présenté en septembre 1972. Le groupe accompagne ensuite les Ballets du chorégraphe Roland Petit lors de deux spectacles à Marseille et à Paris.

Le 23 mars 1973, au Planétarium de Londres, Pink Floyd présente son chef-d’œuvre, The Dark Side of the Moon. La préparation de l’album a nécessité neuf mois de travail méticuleux et le résultat est à la hauteur de l’investissement. La production est parfaite et les thèmes s’enchaînent naturellement. C’est un des disques essentiels de l’histoire du rock, un aboutissement qui place Pink Floyd au niveau des plus grands.
Aux États-Unis, où le groupe n’a jamais été classé jusque-là, The Dark Side of the Moon atteint le sommet des charts et bat tous les records. Il sera classé dans le Top 200 des albums pendant 741 semaines consécutives et il continue depuis à se vendre régulièrement.
En Angleterre, il s’installe dans les charts pour deux années entières. Le premier extrait de l’album, Money, est un tube incontournable.

La réussite de The Dark Side of the Moon tout juste digérée, il va falloir se montrer à la hauteur pour la suite. Après une année sabbatique où chacun prend un repos bien mérité, les quatre musiciens de Pink Floyd se retrouvent en studio en février 1975, avec un invité surprise qui n’est autre que Syd Barrett.
C’est lui en effet qui inspire à Roger Waters la longue suite Shine on You Crazy Diamond, la clé de voûte de l’album Wish You Were Here qui paraît en septembre 1975. Le succès est moins important, mais c’est un peu normal vu l’impact exceptionnel du disque précédent. En France, ce disque connaît une réussite exceptionnelle avec plus d’un million d’exemplaires vendus à l’époque.

Les quatre membres de Pink Floyd éprouvent le besoin de souffler et de se ressourcer. Chacun le fait à sa manière.
Rick Wright choisit le farniente. David Gilmour produit le groupe Unicorn, il joue avec Sutherland Brothers & Quiver et avec Rachid Bahri. Nick Mason produit Robert Wyatt et Gong. Quant à Roger Waters, sa seule et unique préoccupation reste Pink Floyd.
Ces quatre musiciens aux intérêts de plus en plus divergents refont surface avec Animals en janvier 1977. C’est un travail moins convaincant que leurs productions passées. Roger Waters, de plus en plus seul, laisse apparaître quelques idées noires. Animals est un album résolument agressif qui présente un monde impitoyable partagé entre les chiens, les cochons et les moutons.

En 1978, David Gilmour et Rick Wright font paraître chacun un premier album solo.
En novembre 1979, après une absence de presque trois ans, Pink Floyd publie The Wall. C’est la pièce maîtresse de l’œuvre de Roger Waters qui nous explique la genèse et le sujet de ce classique de la rock music.

« C’est une pièce de théâtre musicale dont le sujet est le rapport aliénant entre un groupe de rock et ses spectateurs. Je l’ai ressenti en 77 lorsque nous tournions dans les grands stades avec Pink Floyd. J’avais l’impression que tout se réduisait à cela : combien de personnes dans le stade et combien ça va rapporter. Nous avions oublié le véritable objet du rock, qui est de faire passer des idées au travers d’une musique hautement électrifiée. Ce fut le point de départ de The Wall. Ensuite, j’ai eu l’idée de construire un vrai mur sur scène, devant les musiciens, pour traduire mon aliénation vis-à-vis des spectateurs. Mais le concept était un petit peu mince et il a fallu le développer. Durant les deux années qui ont suivi, l’idée a fait son chemin et la pièce est devenue autobiographique. Son sujet est demeuré l’aliénation dont j’ai parlé précédemment, mais aussi et plus généralement la manière dont les gens élèvent un mur autour d’eux, petit à petit, à chacune des blessures que la vie leur inflige. »

N°1 aux Etats-Unis et en Angleterre, Another Brick in the Wall est le plus gros succès de Pink Floyd en 45-tours.

The Wall témoigne de l’emprise absolue de Roger Waters sur Pink Floyd. Les musiciens n’enregistrent plus ensemble, mais séparément. Seul David Gilmour collabore encore vraiment comme guitariste, compositeur, co-producteur et clavier pour l’essentiel des morceaux. The Wall est présenté en concert lors d’un show impressionnant qui creuse encore le fossé entre Roger Waters et les autres membres du groupe qui sont doublés par des musiciens supplémentaires sur scène. Rick Wright quitte alors ses partenaires pour fonder Zee avec Dave Harris, le chanteur de Fashion. Et Nick Mason publie un album solo : Fictitious Sports.
The Wall est ensuite adapté au cinéma par Alan Parker qui confie le rôle principal au chanteur des Boomtown Rats, Bob Geldof.

En mars 1983, The Final Cut apparaît comme le dernier album de Pink Floyd. En réalité, The Final Cut peut être considéré comme un album solo de Roger Waters, car ce qui reste de Pink Floyd y est réduit au rôle d’accompagnateur. C’est une suite donnée à The Wall, inspirée notamment par la guerre des Malouines, une œuvre d’un abord difficile qui n’aura qu’un succès mitigé.
Quelques mois plus tard, Roger Waters annonce son départ de Pink Floyd. On pense à ce moment que les activités du groupe vont s’arrêter définitivement.
Il est alors temps de faire un premier bilan discographique en ajoutant aux albums déjà cités le double A Nice Pair (qui réunit The Piper at the Gates of Dawn et A Saucerful of Secrets), ainsi que Relics et Masters of Rock, deux albums qui réunissent leurs premiers 45-tours, avec ou sans Syd Barrett.
Il faut également citer deux compilations qui datent des années 80 : A Collection of Great Dance Songs, qui contient une version remodelée de Money, et Works, paru en 1983, au moment du départ de Roger Waters.

Roger Waters revient en avril 1984 avec The Pros and Cons of Hitch Hiking. C’est un concept album où il tente de prouver qu’il est Pink Floyd à lui tout seul. Malgré la participation d’Eric Clapton, le disque n’est pas très convaincant, pas plus d’ailleurs que la tournée qui suit. Ses ex-camarades ne font guère mieux. About Face de David Gilmour, Profiles de Nick Mason et Identity de Zee, le groupe de Rick Wright, sont des échecs commerciaux.
Au cours de l’hiver 1986, David Gilmour et Nick Mason décident de ressusciter Pink Floyd sans Roger Waters. Mais celui-ci ne l’entend pas de cette oreille. Il leur intente un procès pour leur interdire d’utiliser le nom de Pink Floyd et d’interpréter l’ancien répertoire du groupe sur scène.
Au-delà de la bataille juridique, chacun fourbit ses armes musicales, à savoir un album et une tournée de promotion. En juin 1987, Roger Waters propose un nouvel album solo, Radio K.A.O.S.
En septembre, Gilmour et Mason lui emboîtent le pas avec A Momentary Lapse of Reason. Roger Waters a perdu la partie, car leur album sort sous le nom de Pink Floyd.

A momentary lapse of reason est paru en septembre 1987. Plusieurs éléments rappellent le Pink Floyd légendaire : d’abord la pochette du disque, mais aussi le retour de Rick Wright dans le groupe, et surtout la musique, composée principalement par David Gilmour qui s’impose comme le nouveau patron.
Alors que Radio K.A.O.S. rate le coche, A Momentary Lapse of Reason se classe n° 3 aux Etats-Unis, ce qui attise encore un peu plus les tensions entre les ex-partenaires.
Deux tournées se déroulent en parallèle. D’un côté, Roger Waters et le Bleeding Heart Band, avec le pianiste chanteur Paul Carrack. Et de l’autre, Pink Floyd nouvelle formule, accompagné par six musiciens et des choristes. Avec un show fondé sur les mêmes titres et malgré une pyrotechnie impressionnante, Roger Waters échoue là où Pink Floyd triomphe. C’est un résultat que David Gilmour savoure avec beaucoup de retenue.

« Je ne sais pas si le mot vengeance est approprié. Disons que j’ai vécu un processus long et pénible visant à me priver de la liberté d’agir comme je l’entendais, que je l’ai plutôt mal pris et que j’ai réagi en conséquence. S’engager à l’aveuglette, prendre l’initiative de continuer l’aventure Pink Floyd sans Roger, tout cela fut difficile pour moi, comme vous vous en doutez. Ce fut une lourde charge pour mes frêles épaules, une marche pénible vers un futur incertain. Je comprends que les gens puissent s’emballer à l’idée de nous voir à nouveau réunis, mais c’est plus qu’improbable. On a fait plein de grandes choses avec Roger. Il a écrit beaucoup de bonnes chansons. Je comprends le public qui aimerait bien nous revoir comme aux plus beaux jours de notre carrière, mais c’est hors de propos. On ne peut pas inverser le cours du temps et d’ailleurs, nous ne le voudrions pas. »

David Gilmour et ses complices redeviennent une des toutes premières attractions scéniques du circuit rock mondial. Aux États-Unis, ils battent tous les records de recettes. Les trois concerts de Pink Floyd au Madison Square Garden de New York rapportent plus d’un million de dollars. Cette tournée triomphale est immortalisée par le double CD Delicate Sound of Thunder, qui paraît en décembre 1989. C’est une grande fête sonore interprétée par des musiciens heureux, un sentiment que confirme Nick Mason.

« Ce que je retiens plus particulièrement de la tournée Momentary Lapse, c’est que ce fut un moment très agréable. Ce fut aussi pour nous tous l’occasion de retrouver un sentiment que nous n’avions pas éprouvé depuis nos débuts ou presque, cette satisfaction du travail bien fait. Quelque chose que tu ne ressens que lorsque tu as donné le maximum de toi-même. »

Roger Waters n’a pas réussi à s’imposer dans la gestion de l’héritage Pink Floyd. Abandonnant l’idée d’affronter ses anciens camarades, il change son fusil d’épaule et choisit de concrétiser un projet qui lui tient à cœur depuis des années : remonter The Wall sur scène. La chute du Mur de Berlin, le 9 novembre 1989, lui en fournit le prétexte. Le spectacle, présenté en direct à la télévision, se déroule le 21 juillet 1990 sur la Potsdamer Platz de Berlin. Devant 150 000 spectateurs, dont 20 000 venus de l’Est, les plus grandes stars se succèdent pour interpréter le chef-d’œuvre de Roger Waters : Scorpions, The Band, Thomas Dolby, Sinéad O’Connor, Joni Mitchell, Bryan Adams, Jerry Hall, Van Morrison, Marianne Faithfull, Cyndi Lauper et Paul Carrack. Le résultat, impressionnant, fera l’objet d’une vidéo et d’un double CD intitulés The Wall Live in Berlin. Tous les bénéfices seront reversés à une œuvre caritative, the Memorial Fund for Disaster Relief.

En septembre 1992, Roger Waters revient avec un nouvel album, Amused to Death. Sa sortie coïncide avec celle du luxueux coffret Shine On, où sont réunis 9 albums de Pink Floyd.
En janvier 1993, David Gilmour, Nick Mason et Richard Wright commencent l’enregistrement d’un nouvel album sur l’Astoria, un studio flottant amarré sur les berges de la Tamise, près de Londres. Pour la première fois depuis longtemps, les trois musiciens travaillent ensemble, oubliant les artifices techniques qui leur permettaient d’enregistrer chacun de son côté, sans avoir à se rencontrer. Richard Wright explique les raisons de ce retour au bon sens et à la simplicité.

« Pour cet album, notre intention était de recréer l’esprit du groupe et nous voulions tous les trois – je crois que je peux parler pour Dave et Nick – retrouver l’état d’esprit qui était le nôtre pour The Dark Side of the Moon ou Wish You Were Here. Et pour y parvenir, nous avions tout d’abord pensé apprendre tous les titres, puis faire venir les autres musiciens, Gary, John, Guy, ainsi que les choristes, et enregistrer ‘live’ dans le studio. Ça n’a finalement pas marché, mais c’était l’intention première de David : faire un album studio dans les conditions du direct. »

Le nouveau Pink Floyd s’appelle The Division Bell. Il paraît le 29 mars 1994. On y trouve le titre Marooned qui décrochera le Grammy Award du « meilleur instrumental rock » en 1995. C’est le seul Grammy dans toute la carrière de Pink Floyd.

Produit par David Gilmour et Bob Ezrin, The Division Bell propose onze titres presque tous enchaînés dont le climat planant n’est pas sans rappeler leurs plus grandes réussites des années 70.
David Gilmour nous explique la signification du titre de l’album, « The Division Bell ».

« La Division Bell est la cloche qui appelle au vote les membres du Parlement, qui les divise entre ceux qui votent oui et ceux qui votent non. Tu peux prendre ce concept de division tel quel, y apporter une autre signification ou même extrapoler autant que tu le désires. Nous, ce qu’on veut faire, c’est créer de la magie tout simplement. »

A peine sur le marché, The Division Bell est en tête de tous les hit-parades, notamment aux États-Unis où il se vend à 460 000 exemplaires la première semaine.
La tournée qui suit dure sept mois. Le groupe donne au total 110 concerts dans 77 villes aux Etats-Unis et en Europe, devant plus de 5 millions de spectateurs. Témoignages de leur statut de magiciens du son, le double CD et la vidéo Pulse sortent en juin 1995, un CD étant entièrement consacré à une version live intégrale de The Dark Side of the Moon.

1995, qui a vu la sortie de Pulse, est aussi l’année où Youth produit Us and Them, une relecture symphonique de dix compositions de Pink Floyd.
En octobre 1996, Rick Wright publie son troisième album solo, Broken China.
De son côté, Roger Waters continue de travailler à un projet ambitieux : un opéra inspiré par la Révolution Française, réalisé avec la collaboration d’Etienne Roda-Gil et baptisé Ça Ira. Cet opéra, qui aura nécessité 16 années de travail, sortira finalement en septembre 2005 sur le label Sony Classical.
Dans l’intervalle, Roger retourne en studio pour préparer un nouveau disque. Il trouve tout de même le temps de s’occuper de la promotion de l’album de Pink Floyd, The Wall - Live en février 2000. Pourquoi lui plutôt qu’un autre ? A l’entendre, la question ne se pose pas.

« Si tu consultes le programme de ces concerts édité en 80, sur la couverture, on peut lire : The Wall, écrit et dirigé par Roger Waters, interprété par Pink Floyd, et juste en dessous, le nom des membres du groupe. Point final. Donc, si quelqu’un doit s’exprimer à propos de cet album, il vaut mieux que ça soit moi. »

Vingt ans après la sortie de l’album studio The Wall, le double live inédit de Pink Floyd, Is There Anybody Out There? The Wall Live 1980-81, paraît donc en mars 2000. Il avait été enregistré à Londres, à Earl’s Court, en 1980-81.

Après la sortie du CD The Wall – Live, Roger Waters repart aux États-Unis pour la seconde partie de sa tournée In the Flesh. Plusieurs de ces concerts sont à la base d’un album live qui porte le même titre, In the Flesh - Live, et qui paraît le 5 décembre 2000.

L’année 2001 voit la sortie de deux compilations : The Best of Syd Barrett, Wouldn’t You Miss Me, puis Echoes: the Best of Pink Floyd.. Elles sont suivies par une troisième, qui paraît en avril 2002 et qui est consacrée à Roger Waters : Flickering Flame, the Solo Years Vol. 1.
En 2004, c’est le batteur Nick Mason qui apporte son témoignage dans un livre autobiographique : Inside Out: A Personal History of Pink Floyd. On publie également un double CD accompagné d’un livre, Inside Pink Floyd – A Critical Review, 1967 – 1996. À ce moment, Roger Waters travaille à une adaptation de The Wall pour la scène, à Broadway.
Le 2 juillet 2005, pour la bonne cause, les quatre musiciens acceptent de se réunir à Londres à l’occasion du Live 8. Cette reformation toute ponctuelle de Pink Floyd ne dure que 23 minutes, le temps d’interpréter quatre titres.
Interrogés sur une possible reformation du groupe pour une tournée ou pour un disque, les quatre musiciens laissent la porte ouverte à tous les cas de figure, sans donner de réponse précise. Même l’argent ne parvient pas à les décider. En tout cas, ils n’ont pas donné suite à une offre de 250 millions de dollars pour une tournée mondiale de Pink Floyd.

Pink Floyd n’existe plus et pourtant, on n’en a jamais autant parlé. D’ailleurs, on peut retrouver les débuts du groupe dans le récent DVD et CD London ‘66-‘67.
Actuellement, Roger Waters est en studio pour un projet baptisé Heartland qui devrait déboucher sur deux albums prévus pour fin 2006, début 2007. Le premier de ces albums aura un contenu très politique et le second parlera d’amour.
Le 14 juillet prochain, Roger Waters sera en France pour un unique concert à Nevers, sur le circuit de Magny-Cours, à l’occasion du centenaire du Grand Prix de France automobile. Il interprètera l’intégrale de The Dark Side of the Moon, ainsi que plusieurs autres titres, dont quelques inédits. Il sera accompagné de Nick Mason, le batteur de Pink Floyd qui est aussi un passionné de course automobile.
Les 15 et 16 mars dernier, David Gilmour a donné deux concerts à Paris pour présenter son nouvel album solo, On an Island. Sur scène, avec Richard Wright aux claviers, il a d’abord joué l’intégralité de ce nouvel album, puis les plus grands classiques de Pink Floyd en seconde partie. On an Island, le troisième album solo de David Gilmour, est paru le 6 mars, le jour de son 60ème anniversaire. C’est déjà une très belle réussite. Il est entré dans le hit-parade anglais directement à la première place et il est n° 6 aux États-Unis.



Auteurs de la page : manu (mise en page), Walmour (mise en page), Wulfnoth (mise en page).

presse/la-saga-de-pink-floyd.txt · Dernière modification : 27/06/2011 à 13:37 de 127.0.0.1

Donate Powered by PHP Valid HTML5 Valid CSS Driven by DokuWiki