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The Madcap Speaks...

Traduction de l’article The Madcap Speaks… par Giovanni Dadomo publié dans les numéros 9 et 10 de Terrapin en 1974. L’interview de Syd Barrett date, elle, de 1971.

Le "Madcap" parle...

Les pages qui suivent sont probablement la dernière interview de Syd Barrett, jusqu’à maintenant cette interview n’avais jamais été publiée.
Il y a un mystère énorme et parfois insipide qui plane autour de Syd Barrett, pas très différent de ce qui est arrivé avec Arthur Lee. Le peu qui a été écris sur lui n’a fait qu’ajouter au mythe de l’image Neitzche/Nijinsky moderne, qui murmure des inepties et de vagues choses sur « getting it together ». Étrangement, Syd renvoie une image assez normale, négligée et émaciée comme la plupart d’entre nous. Bavard, modeste et par dessus tout très humain…

Giovanni Dadomo : « Piper at the Gates of Dawn ? »

Syd Barrett : « Wind in the Willows. C’était très difficile pour plusieurs raisons, de s’habituer au studio et tout le reste. Mais c’était amusant. Nous nous droguions beaucoup. Je travaillais énormément à ce moment là, il y a pourtant encore beaucoup de travaux éparpillés un peu partout, même des morceaux de Madcap. »

Giovanni Dadomo : « Certaines de vos chansons semblent plutôt obscures… comme Chapter 24 sur Piper. »

Syd Barrett : « Chapter 24… ça venait du I Ching, il y avait quelqu’un dans mon entourage qui était très impliqué là dedans, la majorité des paroles viennent de là. Lucifer Sam c’était autre chose, elle ne signifiait pas grand chose pour moi à l’époque mais 3 ou 4 mois plus tard, elle a pris tout son sens. »

Giovanni Dadomo : « A quel point les paroles sont importantes pour vous ? »

Syd Barrett : « Elles sont très importantes. Je pense qu’une chanson est bonne si elle a plusieurs significations. Ce genre de chansons peut probablement toucher plus de gens, c’est très bien. D’un autre côté j’aime les chansons simples, j’aime Arnold Layne car pour moi c’est une chansons claire et limpide. »

Giovanni Dadomo : « Certaines de vos paroles n’apparaissent pas très claires, comme dans Octopus, “There’s little minnie cann, coughs and clears his throat”, avez vous pensé à imprimer les paroles sur la pochette la prochaine fois ? »

Syd Barrett : « Ouais, ça serait bien (en rigolant). C’était fait à la dernière minute. »

Giovanni Dadomo : « Et à propos de Octopus, c’était ma préférée. »

Syd Barrett : « Je l’avais dans ma tête depuis à peut près 6 mois avant de réellement l’écrire, c’est peut être pour ça qu’elle rends si bien. L’idée était celle de ces chansons comme Green Grow the Rushes Ho, 12 lignes chacune reliée à la suivante, et un thème principal. Une sorte d’association infaillible, ensuite viens le chorus qui change le tempo mais conserve quand même l’esprit d’ensemble. »

Giovanni Dadomo : « Il y a de fortes références à l’enfance dans beaucoup de vos chansons, avec beaucoup de légendes et de d’éléments de comptines pour enfant, avez-vous pensé à écrire des chansons pour les enfants ? »

Syd Barrett : « J’aime les comptes et les légendes… Je pense que c’est principalement dû au fait de vivre à Cambridge, avec la nature et tout ça, c’est tellement pur, j’y suis toujours très attaché. Si j’étais resté à l’école je serais devenu professeur. Le fait de quitter l’école et de se retrouver soudainement sans cette structure, sans rien pour se raccrocher, ça y est surement pour quelque chose aussi. »

Giovanni Dadomo : « Il y avait une étrange atmosphère de science-fiction au début du Floyd, vous intéressiez-vous à ça ? »

Syd Barrett : « Pas vraiment, excepté Journey into Space et Quartermass, quand j’avais à peut-près 15 ans, ça peut venir de là. »

Giovanni Dadomo : « Vos paroles pourraient être décrites comme des collages surréalistes, est-ce-que votre formation artistique influence vôtre écriture ? »

Syd Barrett : « Uniquement la cadence de travail, l’apprentissage de travailler dur. J’ai tendance à prendre quelques phrases de ci de là, des phrases que j’aime, et ensuite j’écris autour de ça. Mais je ne me réferre pas consciemment à la peinture. C’est juste le fait d’écrire de bonne chansons qui importe vraiment. »

Giovanni Dadomo : « Vous peignez toujours ? »

Syd Barrett : « Pas beaucoup. Le type qui vit dans l’apart d’à côté peints, et il le fait très bien alors je n’en ressens pas réellement le besoin. »

Giovanni Dadomo : « Est-ce-que vous voulez faire autre chose ? »

Syd Barrett : « Beaucoup de gens veulent faire des films, de la photographie, et toutes sortes de choses, mais je suis tout à fait content de faire ce que je fais. »

Giovanni Dadomo : « Vous intéressez-vous à la musique des autres ? »

Syd Barrett : « Je n’achète pas beaucoup de disques, il y en a tellement que tu ne sais plus quoi écouter. Tout ce que j’ai chez moi c’est du Bo Didley, quelques disques des Stones, des Beatles et des vieux disques de Jazz. J’aime bien Family, ils font de bonne choses. »

Giovanni Dadomo : « Et à propos de l’underground ? »

Syd Barrett : « Je n’ai jamais été aux “arts lab” et autres, alors je ne sais pas vraiment ce qu’il se passe. Il y a tant de gens qui courent partout, faisant des choses différentes, sans espèce d’unité. Ça ne me préoccupe pas vraiment. »

Giovanni Dadomo : « Lisez-vous de la poésie ? »

Syd Barrett : « J’ai des bouquins qui trainent à la maison, Shakespeare et Chaucer, vous connaissez ? Mais je ne lis pas beaucoup. Peut-être que je devrai. »

Giovanni Dadomo : « Etes vous satisfait de Madcap Laughs ? »

Syd Barrett : « Oui, j’ai aimé ce qu’il en est sorti, il a juste été mis sur le marché trop longtemps après avoir été terminé. Je l’ai voulu comme un tout, que les gens puissent l’écouter d’une seule traite, tout est équilibré, le tempo et les ambiances. J’espère que c’est comme ça qu’on le perçoit. Je l’ai à la maison mais je ne l’écoute pas beaucoup. »

Giovanni Dadomo : « Madcap est plutôt gentil et différent de vos albums avec le Floyd, et le prochain album ? »

Syd Barrett : « Il y aura toutes sortes de choses. Tout dépends de ce que je ressens sur le moment. L’important est qu’il sera meilleur que le précédent. »

Giovanni Dadomo : « Dans No Man’s Land sur Madcap il y a une longue partie parlée qui est à peine audible, comme dans Astronomy Domine, c’était votre intention de transformer les mots en un simple bruit de fond ? »

Syd Barrett : « A la base, il était prévu que les mots soient clairement audibles, finalement on a fait comme c’est venu, ça n’était pas vraiment ce que j’avais prévu. »

Giovanni Dadomo : « Comment jouez-vous de la guitare ? »

Syd Barrett : « J’écris toujours à la guitare. J’ai cette grande pièce et je vais simplement dedans et je travaille. J’aime faire les paroles et la musique en même temps, comme ça quand je viens en studio j’ai les paroles d’un côté et la musique de l’autre. »

Giovanni Dadomo : « Dans le futur, souhaitez-vous chanter et jouer à nouveau ? »

Syd Barrett : « Oui ça serait bien, j’y prenais beaucoup de plaisir. C’était excitant, mais ça n’y fait rien. C’est la paresse des écoles des Beaux-Arts, vraiment. J’ai ce concert à Wembley et un autre en été. »

Giovanni Dadomo : « Que pensez-vous de l’idée de former un groupe ? »

Syd Barrett : « Je vais mettre en place quelque chose pour Wembley et on verra comment ça se passera. »

Giovanni Dadomo : « Et maintenant ? »

Syd Barrett : « Je travaille sur l’album. Il y a déjà 4 chansons dans la boite et il devrait sortir en Septembre. Il n’y a pas de musicien fixe, juste des gens qui m’aident, comme sur Madcap, ce qui me laisse beaucoup plus de liberté dans mon travail… Je le ressens comme si j’avais beaucoup de choses, de meilleurs choses à faire aussi… C’est pourquoi il n’y a pas grand chose à dire, je veux juste qu’il soit terminé. »



Auteurs de la page : manu (traduction, mise en page), Marion (traduction), Nicole (traduction).

presse/the-madcap-speaks.txt · Dernière modification : 27/06/2011 à 12:37 de 127.0.0.1

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