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The Piper at the Gates of Dawn

Pochette de The Piper at the Gates of Dawn

Voici le premier enregistrement du Pink Floyd et c’est également l’un des meilleurs, car à cette époque Pink Floyd avait comme leader un garçon gentiment fêlé nommé Syd Barrett. Syd Barrett est l’un des plus grands génies de l’histoire du rock au même titre que Frank Zappa ou Peter Hammill. Dans ce chef-d’œuvre du rock psychédélique (musique issue d’un mode de vie avant gardiste où il faut avoir les cheveux longs, être dépendant au LSD ou à l’héroïne, bouger la tête dans tous les sens pendant un solo de guitare, et de préférence mourir avant 30 ans d’une overdose), Pink Floyd est fou, pousse des hurlements de prima donna, se contrefout de tout, ne suit aucune structure, joue d’une façon très bordélique, mais pourtant très séduisante. Syd Barrett devient ici le Dickens du rock, il nous livre un grand conte enchanté, sa guitare lui sert de plume et sa voix nous ensorcelle, ces paroles peuvent aussi bien montrées une naïveté sincère et touchante (« Seul dans les nuages tout bleus. Étendu sur un édredon. Youpi ! tu ne peux pas me voir. Mais moi je peux »), que des côtés plus sombres, en avant pour une promenade extravagante en compagnie du joueur de flûte des portes de la perception…

Des bruitages radiophoniques de très bons goûts, ainsi qu’une excellente énumération des planètes: Astronomy Dominé est un des grands moments du répertoire de Pink Floyd : guitares acides, expérimentations sonores explosant dans tous les sens sous les cymbales de Mason, le chant entre Syd Barrett et Rick Wright est également totalement excitant, c’est du grand rock et Pink Floyd peut se permettre de taquiner tous les grands groupes de la scène psychédélique américaine que ce soit les Doors, Love ou même Jimi Hendrix !

On ne lâche pas le fil avec un riff de guitare aussi contagieux que celui de Satisfaction ou celui de Whole Lotta Love : Lucifer Sam nous entraine dans l’ambiance délicieusement folle de l’album.

« Il y avait un Roi qui régnait sur le royaume. Sa majesté commandait. Avec des yeux argentés, l’aigle écarlate. Faisait pleuvoir l’argent sur le peuple » … « Avec tout le temps passé dans cette pièce. Un vieux parfum embaume la maison de poupée. Et les contes de fées me faisaient planer. Sur les nuages flottant dans la lumière du soleil », magnifique poésie que celle de Matilda Mother, une des chansons les plus personnelles de Syd Barrett, hommage déguisé en conte dédié à sa mère, à son enfance, etc…

Flaming est une des chansons les plus réussies de l’album, c’est tendre, Syd est ici un enfant nous contant ses rêves, on parle avec lui, on ne peut pas le voir, mais lui il peut, alors laissons nous guider par sa musique : c’est une des meilleures choses à suivre.

Un de mes moments favoris de l’album reste Pow R. Toc H. : un instrumental rock/blues/free-jazz totalement déstructuré. Sur un thème très jazzy, Pink Floyd dresse des colorations pop qui éclatent un peu partout.

Il faut aussi mentionner le premier morceau de notre ami Roger Waters : Take Up Thy Stethoscope and Walk: bizarre, peut être trop justement pour certains, pas pour moi…

Interstellar Overdrive est certainement la plus belle invitation dans l’univers tourmenté de Barrett, mais bon, on ne regrette absolument pas le voyage, un riff de guitare mémorable, des explosions de sons venu d’ailleurs on dirait (d’une distorsion interstellaire peut-être), un Pink Floyd au sommet de son génie dans ce morceau épique d’une dizaine de minutes qu’on ne se lasse pas d’écouter : exceptionnel.

Après ce plat de résistance costaud, nous avons le droit a un bon dessert: The Gnome, l’histoire de Grimble Grumble qui mange, dort et boit son vin, c’est charmant, mais les « if I can » de Barrett marquent déjà certains signes de déséquilibre mental, encore plus renforcé dans…

…le magnifique Scarecrow où il nous conte l’histoire d’un épouvantail encore plus triste que lui et qui a accepté son sort…. L’épouvantail c’est Syd Barrett naturellement, et il se sait déjà condamné.

L’ambiance de fête forraine du mélodieux Bike clôt cet album dans un malaise étrange qui laisse un goût tendre chez l’auditeur…..

Je n’ai aucun doute sur le fait que cet album sauvage traversera les époques et les siècles sans souci, bien qu’il soit trop méconnu à mon goût. Mais la qualité de l’ensemble est absolument incroyable (surtout quant on se rappelle qu’il s’agit du premier album du groupe), Syd Barrett nous livre ici tout son génie, tout son talent, mais aussi et malheureusement, ses dernières extravagances, ses derniers éclats de rire. Syd Barrett n’était pas qu’un simple musicien psychédélique possédant des goûts vestimentaires assez médiocres, NON ! Syd Barrett est une des plus belles étoiles que j’ai entendues, qui m’a bercé dans un sens au son de son génie révolutionnaire à propos de gnomes déjantés, de jolis trips psychédéliques en vélo, d’épouvantails tristes, et si vous n’y comprenez rien c’est que vous êtes trop grand…

Syd

Petit hommage à Syd Barrett qui nous a quitté le 7 juillet 2006, un dernier clin d’œil à ce grand visionnaire qui n’a pas fini d’inspirer tous les cinglés de notre chère petite planète…

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article/the-piper-at-the-gates-of-dawn.txt · Dernière modification : 27/06/2011 à 13:34 de 127.0.0.1

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