Welcome to the Machine
Welcome to the Machine est une chanson de Pink Floyd sortie en 1975 sur l’album Wish You Were Here. Paroles et musique sont de Roger Waters.
Paroles et traduction
Welcome to the Machine
Welcome my son
Welcome to the machine
Where have you been?
It’s alright, we know where you’ve been
You’ve been in the pipeline, filling in time
Provided with toys and ‘Scouting for Boys’
You bought a guitar to punish your ma
And you didn’t like school, and you know you’re nobody’s fool
So welcome to the machine
Welcome my son
Welcome to the machine
What did you dream ?
It’s alright we told you what to dream
You dreamed of a big star
He played a mean guitar
He always ate in the steak bar
He loved to drive in his Jaguar
So welcome to the machine
Bienvenue dans la machine
Bienvenue mon fils
Bienvenue dans la machine
Où étais-tu ?
C’est bon, nous savions où tu étais
Tu étais en route, tu passais le temps
On t’as donné des jouets, tu jouais au boy-scout
Tu as acheté une guitare pour punir ta mère
Tu n’aimais pas l’école et tu sais que tu n’es pas idiot
Alors bienvenue dans la machine
Bienvenue mon fils
Bienvenue dans la machine
À quoi rêvais-tu ?
Peu importe, on t’a dit à quoi rêver
Tu rêvais d’être une superstar
Qui jouait de la guitare
Qui mangeait toujours au Steak Bar
Et qui adorait conduire sa Jaguar
Bienvenue dans la machine
Analyse par Phegos
Welcome To The Machine est une chanson mettant en scène 2 personnages : un orateur (qui va faire office de narrateur) et un « interlocuteur » (que nous n’entendrons pas de tout le morceau mais qui n’en est pas moins le sujet, le principal protagoniste).
Analyse du texte ligne par ligne
« Welcome my son » : ouverture d’un monologue s’adressant à un interlocuteur (qui ne parlera jamais), message de bienvenue avec une connotation un peu familière avec « mon fils ». L’orateur (à la voix mécanique) connaît son interlocuteur. Ceci étant dit, le mot « fils » montre que l’orateur se sent supérieur à son interlocuteur, il a un pouvoir (apparemment paternel) sur lui.
« Welcome to the machine » : Répétition du message de bienvenue en précisant le « lieu », on peut en déduire que l’interlocuteur ne sait pas où il se trouve, il vient dans ce « lieu » pour la 1ère fois. Pour ce qui est du « lieu », pour l’instant nous n’avons pas (et nous n’aurons que peu) d’indices sur ce qu’il est. Waters a laissé des explications (recueillie ci-dessous dans la partie Citations). Cependant le terme de « Machine » évoque un ensemble de mécanique et d’engrenages où tout est maîtrisé, prévu et a un rôle précis.
« Where have you been ? It’s alright, we know where you’ve been » : Question rhétorique de l’orateur dont la réponse apporte beaucoup d’élément : l’orateur semble savoir où a été l’interlocuteur, par extension on peut penser qu’il sait même tout de lui. Le « it’s alright » indique le peu d’importance pour l’orateur de ce qu’a fait l’interlocuteur, il le sait et semble peu préoccupé par ces actions.
« You’ve been in the pipeline, filling in time » : Ici l’orateur indique que l’interlocuteur était dans un « pipeline » (que ce soit en ingénierie ou en sport, le pipeline désigne un conduit plus ou moins grand dans lequel on achemine des objets ou des personnes). Or le principe même d’un pipeline est d’acheminer des choses sans qu’elles ne puissent prendre un autre chemin, l’interlocuteur suivait donc un chemin tracé dans lequel il ne pouvait dévier. Ceci peut expliquer les raisons de la connaissance de l’orateur sur l’interlocuteur. Le « filling in time » semble n’indiquer seulement le fait que l’interlocuteur est resté très longtemps dans ce pipeline (il y est peut-être encore).
« Provided with toys and ‘Scouting for Boys’ » : L’orateur appuie sur l’idée de la manipulation : on a donné un divertissement à l’interlocuteur et il a eu un comportement typique pour un enfant.
« You bought a guitar to punish your ma » : Là encore un comportement typique : celui de l’adolescent se rebellant contre ses parents et faisant ce qu’il veut (Waters transpose ici sa propre situation : perte du père, il est en effet absent dans la phrase, et intérêt pour la musique).
« And you didn’t like school, and you know you’re nobody’s fool » : Une fois de plus, comportement typique (qui aime l’école quand il est ado ?), mais cette fois-ci petite ironie de l’orateur qui insinue l’aveuglement de l’interlocuteur dans son sentiment de liberté causé par sa « rébellion » contre le système (ici celui de l’école).
« So welcome to the machine » : Répétition du message de bienvenue qui sonne plus comme une apocalypse : une « levée du voile », une vérité est en train d’être dévoilée.
(Instrumental)
« Welcome my son » : On répète le message de bienvenue qui sonne désormais comme une psalmodie, l’orateur a déjà fait cette présentation et il la refera bon nombre de fois. On est dans un cycle inébranlable, sans début ni fin.
« Welcome to the machine » : La présentation est finie, l’interlocuteur sait très exactement ce qu’est la « machine ». Mais l’orateur a encore des choses à montrer.
« What did you dream ? » : Nouvelle question rhétorique portant sur les rêves du narrateur ( ?!).
« It’s alright we told you what to dream » : Et même réponse que dans le couplet précédent, à ceci près que l’orateur fait plus que savoir, il cause les rêves de l’interlocuteur. Ainsi la « machine » n’a pas qu’un impact sur l’attitude des gens (la manipulation physique des gens est faisable puisqu’il suffit d’entrainer les gens sur des choix qui n’en sont pas en jouant sur leur comportement et leurs réactions), elle a aussi un impact sur la psychologie. De ce fait, alors que la manipulation physique est détournable (une fois que l’on se rend compte de l’engrenage, il suffit de faire un sacrifice sur son comportement pour en échapper), la manipulation psychologique (si elle est bien faite) ne peut même pas être connue de celui qui la subit. Bref la « machine » a un pouvoir absolu sur l’interlocuteur qui n’a aucune échappatoire.
« You dreamed of a big star » : L’orateur ainsi sait (et même induit l’interlocuteur dans cette direction) que l’interlocuteur veut devenir un grand musicien. Petite note de Wulfnoth : On pourrait penser que l’interlocuteur n’est autre que Syd Barrett qui était séduit par le « star system ».
« He played a mean guitar » : On ne va pas faire d’aparté sur cette autocritique qui pourrait prêter à rire du parolier (qui on le rappelle n’est autre que Waters). Mais ici aussi l’orateur sait non seulement les grandes lignes des espoirs de l’interlocuteur mais aussi le moindre détail de ses ambitions. Si on reprend la lecture barrettienne commencée plus haut, la guitare est l’instrument de prédilection de Barrett (et non de Waters), ce qui peut conforter l’idée que lui et l’interlocuteur ne font qu’un.
« He always ate in the Steak Bar » : Ambition de richesse, typique et programmée par la machine, l’interlocteur est piégé et ne peut échapper à l’influence de l’orateur.
« He loved to drive in his Jaguar » : Idem qu’au-dessus si ce n’est que l’orateur insiste sur la puissance de la machine qui peut affecter les sentiments.
« So welcome to the machine » : Message de bienvenue quelque peu ironique puisqu’en réalité l’interlocuteur ne fait que découvrir qu’il a toujours fait partie de la machine et qu’il ne pourra jamais s’en échapper.
Analyse musicale
Le morceau s’ouvre sur des bruits mécaniques, saccadés qui vont plonger très rapidement l’auditeur dans une ambiance sombre et oppressante. Puis à la fin du premier couplet commence une partie instrumentale relativement longue durant laquelle on imagine que l’orateur dévoile toute la « machinerie » à l’interlocuteur. La longueur de cette partie ne fait qu’accentuer l’étendue du pouvoir de la Machine. Enfin, suite au deuxième couplet, le morceau va se finir dans un instrumental triste et mélancolique, décrivant l’aspect irrévocable du processus.
Conclusion
On a donc ici une description d’un monde (quelque peu à la Matrix) contrôlé par une « machine ». Waters critique évidemment notre société en mettant sur la table la fameuse théorie du déterminisme (on est prédestiné et on a aucun mot à dire sur cette destinée). Ici on pourrait voir l’absence de liberté pour l’interlocuteur qui est incapable de se sortir de cette situation. L’orateur semble surpuissant, il monopolise la parole et même quand il s’adresse à l’interlocuteur, ce n’est que pour mieux le rabaisser à sa condition de manipulé.
Pour revenir sur la lecture barrettienne proposée par Wulfnoth : on rappelle qu’officiellement cet album est un hommage à Syd Barrett (même si certains n’y voient qu’un argument marketing). Donc ce morceau serait une tentative d’explication sur la folie qui a frappé l’ancien leader du groupe. La pression du monde du business où tout est calculé aurait écrasé le chanteur.
Citations
« L’idée, c’est que la Machine est souterraine. Quelque pouvoir souterrain et donc mauvais qui nous mène vers nos divers destins amers. Le héros a été exposé à ce pouvoir. D’une façon ou d’une autre, il est descendu dans la machinerie et il a vu, et la Machine (le Pouvoir) a admis ce fait et elle lui dit qu’elle le surveille du fait qu’il sait. Et elle lui apprend aussi que toutes ses actions sont des réponses pavloviennes, que tout n’est que reflexes conditionnés et que ses réponses ne viennent pas de lui-même. Et en fait, il n’existe plus, sauf dans la mesure où il a la sensation dans le fond de lui-même que quelque chose ne va pas du tout. Et ça, c’est la seule réalité. Et pui il s’en va, il quitte la machinerie et il entre dans la pièce (le monde) et la porte s’ouvre, et il réalise que c’est vrai, que les gens sont tous des zombies. »
— Roger Waters, Rock & Folk, Janvier 1976
« La chanson de la Machine concerne la situation dans le business du rock, qui crée cette absence. On est encouragé à être absent parce qu’on est encouragé à ne tenir aucun compte de la réalité - partout, pas seulement dans la machine du rock, mais dans le mécanisme entier de la société. Ce mécanisme t’encourage à rejeter. A partir du moment où tu entends quelque chose, à partir du moment où tu es né, tu es encouragé à rejeter les réalités de ce qui t’entoure et à accepter des rêves et des codes de comportement. Tout est codé. On te demande de communiquer à travers une série de codes, plutôt que de communiquer directement. Et ça s’appelle la civilisation, les mœurs. »
— Roger Waters, Pink Floyd, une épopée cosmique, Jean-Michel Oullion, 2003
Toutes les versions officielles
Welcome to the Machine sur Wish You Were Here
- Durée : 7 min 26 s
- Musiciens :
- David Gilmour : chant, guitares, Synthi-A
- Nick Mason : cymbales, tympanon
- Roger Waters : chant, basse
- Rick Wright : Minimoog, synthétiseur VCS3, synthétiseur ARP, orgue Hammond
- Navigation :
- Pink Floyd – Wish You Were Here (1975)
- 2. Welcome to the Machine
- 3. Have a Cigar
Welcome to the Machine sur In the Flesh
- Enregistrement : juin 2000
- Durée : 6 min 54 s
- Navigation :
- Navigation :
- Roger Waters – In the Flesh Live (2000)
- 8. Dogs
- 9. Welcome to the Machine
Meilleures versions bootleg
Sélection des meilleures versions bootleg de Welcome to the Machine.
Curse of the Pig
Version de 7 min 14 s 1) enregistrée le 27 juin 1977 à Boston, dans le Massachusetts. Au niveau sonore, les instruments sont un petit peu faibles mais la qualité du chant est fantastique ! Harmonie des voix, variations.. à en pleurer.
Animal Instincts
Version de 7 min 44 s enregistrée le 9 mai 1977 à l’Oakland Coliseum en Californie. Moins bien niveau chant que Curse of the Pig, mais très bon pour les parties instrumentales.
A Clear View
Version de 8 min 31 s enregistrée le 28 septembre 1987 à Chicago dans l’Illinois. À écouter pour la partie instrumentale après le dernier couplet : une claque !
Partitions
Em - C - Em9
Em - Am
Em - Em9 - Em - Em9
Em - C - Em9
(le Em9
est un Em
dans lequel on ajoute un F#
en mettant l’auriculaire en deuxième case sur la chanterelle de E
)
Voir aussi
- le livre Welcome to the Machine de Jordi Bianciotto (1998)
Auteurs de la page :
manu (paroles, traduction, infos, mise en page),
Stéphanie (traduction),
Nicole (traduction),
Marion (traduction),
Phegos (Analyse),
Meddler (bootlegs),
Blue Berry (partitions).