Green Is the Colour
(Auteur : Roger Waters)
Cette petite ballade très simple est liée, par l’histoire de sa conception, à Careful With That Axe Eugene, dont elle constituera, pendant près d’un an, une sorte de prélude.
De l'acoustique à l'électrique
Green Is the Colour (« Verte est la couleur ») semble présenté pour la première fois en public en mai 1969, déjà enchaîné avec Careful With That Axe Eugene, dans ce qui paraît se développer dans les mois qui suivent en la suite The Journey. Cette chanson d’inspiration folk (une chanson de Donovan porte le même titre !) sera incorporée seule dans la BO du film More de Barbet Schroeder..
Alors que Pink Floyd construira beaucoup de compositions selon un schéma « (intro) -couplets 1 et 2 - improvisation instrumentale - couplet 3 (et conclusion) », pour Green Is The Colour, ce sera la forme « 3 couplets - instrumental », sauf en de très rares interprétations du début. L’instrumental n’est autre que des variations improvisées sur la grille d’accords des couplets, reprises généralement trois fois.
L’unique version officielle de Green, celle de More, est jouée en acoustique aux piano, guitare et flûte. Ceux-ci, après les trois couplets chantés par David Gilmour qui, comme souvent, sait parfaitement faire grimper dans les aigus sa voix plutôt rauque, reprennent le thème en improvisant dessus. Lors des concerts, cette orchestration est différente : l’accompagnement est assuré par la guitare (électrique), et l’orgue en plus de la batterie et la basse. Plus de flûte, dont jouait Lindy Mason, l’épouse de Nick, sur la version de More. À sa place, Dave Gilmour construit des improvisations vocales, qu’il enrichit lui-même de phrases de guitare.
Une jolie chanson méconnue
Bien qu’elle soit présentée lors de tous les concerts de la seconde moitié de 1969, et lors de quelques autres par la suite, cette modeste chanson est injustement méconnue, éclipsée par des pièces plus spectaculaires comme A Saucerful of Secrets ou Set the Controls For the Heart of the Sun. Surtout, elle ne figure pas sur Ummagumma, alors que très vraisemblablement elle était, à l’origine, reliée à Careful With That Axe Eugene.
En effet, nous sommes alors juste dans la période où Pink Floyd expérimente sur scène ses deux premières grandes pièces conceptuelles, formées d’une suite de morceaux reliés par un fil conducteur : The Man et The Journey. Ces deux pièces, qui annoncent, dans l’idée, Atom Heart Mother, Echoes et finalement les quatre albums concepts qui suivront jusqu’en 1983, n’ont jamais été publiée dans leur forme intégrale, mais la plupart des pièces qui les composaient figurent dans les premiers albums du groupe. Green Is The Colour, rebaptisé The Beginning (« le commencement ») figure en ouverture de The Journey (« Le voyage »), enchaîné par Beset By the Creatures of the Deep (« Retenu par les créatures des abysses »), Careful With That Axe Eugene rebaptisé pour la circonstance.
Des paroles ambigües
Les paroles écrites par Roger Waters possèdent une grande poésie. Elle semblent baigner dans le contexte d’une idylle adolescente, mais l’insouciance apparente y est menacée par on ne sait quel sourde douleur intérieure : « Le soleil brillait dans ses yeux, mais le clair de lune l’aveuglait chaque fois… ». Au dernier vers, un malaise s’installe : « L’envie est le point commun entre les fous d’espoir et les damnés. » Derrière une jolie mélodie et des images poétiques, Waters laisse transparaître le malaise qu’il porte depuis sa naissance (et sans doute même avant !). Green Is the Colour n’est d’ailleurs pas la première chanson où il effleure déjà, par quelques paroles révélatrices, certains de ses thèmes obsessionnels (cf Set The Controls For The Heart Of The Sun). Ce ne sera évidemment pas la dernière.
Les paroles et leur traduction sont là.
Discographie
Dans la discographie officielle de Pink Floyd, Green Is The Colour ne figure que sur la BO de More, sortie en Juin 1969.
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Auteur de la page :
Blue Berry.