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The Narrow Way

(Auteur : David Gilmour)

Début 1968, David Gilmour intègre Pink Floyd pour suppléer à un Barrett de plus en plus défaillant. Moins de deux ans plus tard, bien assimilé par le groupe, il se risque à sa première grande composition. Celle-ci, The Narrow Way, est une réussite qui, à bien des égards, annonce le futur son floydien.

Foutue modestie… mais vrai talent

Jusqu’à présent, Gilmour n’a composé pour Pink Floyd qu’un court pseudo-flamenco, A Spanish Piece (« Un morceau espagnol »), au demeurant plutôt sympa, pour la BO du film More, et il a collaboré à plusieurs autres pièces, dont une bonne partie du matériel de la même BO et A Saucerful of Secrets.

Mais en 1969, une idée un peu saugrenue, mais intéressante de lui-même ou de Richard Wright (Allez donc savoir…), a conduit à la conception originale d’un album en deux parties, l’une en public, l’autre confiée pour un quart à chacun des membres du groupe. Cet album sera le fameux Ummagumma, sorti en novembre 1969, et dont la partie en public a été, à notre avis, réalisée trop précocement.

La partie en studio, avec ses quatre directions opposées mais indissociables comme les quatre points cardinaux, va se révéler, quant à elle, une mine de pistes à explorer par la suite, avec de très bonnes surprises. The Narrow Way (« La voie étroite ») en est sans doute la meilleure.

Pourtant, son auteur la décrira plus tard comme « une prétentieuse perte de temps ». Nous n’approuvons pas cette sévère auto-critique et, au contraire, voyons dans The Narrow Way une pièce riche et originale. Gilmour y montre un grand talent de compositeur, même si, de son propre aveu, il éprouvera quelques difficultés à écrire une texte qui tienne la route. Son perfectionnisme engendre chez lui un excès de modestie qui a quelque chose d’assez agaçant…

Un triptyque prémonitoire

Narrow Way, par sa construction, rappelle A Saucerful of Secrets en ce sens que c’est un triptyque aux trois parties sensiblement égales, dont la dernière est une sorte de coda chantée. La guitare, cela n’est guère étonnant, domine Narrow Way, qu’elle soit acoustique comme dans le premier volet, basse dans le second, et jouée en lapstyle dans le troisième.

Ce triptyque s’ouvre sur une séquence de guitare acoustique arpégée au rythme vif, sur laquelle viennent se poser les notes aériennes d’une autre guitare jouée en lapstyle, sonorité floydienne s’il en est.

C’est un riff de basse bien rond qui soutient le second mouvement, sur lequel Gilmour expérimente des sons nouveaux aux claviers : l’on sait que le guitariste ne dédaigne pas taquiner l’ébène et l’ivoire à l’occasion, et sans doute Richard Wright lui a-t-il montré quelques trucs et effets rigolos que l’on peut tirer de ces machines électroniques, toutes nouvelles à l’époque, avec un tant soit peu d’inventivité. (Le synthétiseur vient d’apparaître, pour lequel Walter Carlos réinterprète Bach avec brio, tandis que Pierre Henry habille d’électronique l’Apocalypse de Jean)

Le troisième et dernier volet est chanté. Trois couplets en mineur alternent avec un refrain en majeur, sur un rythme lent, posé, serein. Cela est difficile à cerner, et encore plus à exprimer, mais cette troisième partie de Narrow Way semble contenir déjà en germe beaucoup du futur son de Pink Floyd. La guitare notamment, très aérienne, semble comme suspendue dans l’espace et, comme la mélodie en mineur des couplets, très travaillée, annonce des climats musicaux qui domineront Echoes et surtout The Dark Side of The Moon.

Et ça raconte quoi ?

Contrairement à ce que pourrait laisser penser le titre, Gilmour ne nous raconte pas une histoire de chemin de fer à petit gabarit. Ça s’appellerait d’ailleurs The Narrow Gauge dans ce cas. Non, ce que nous raconte Gilmour est bien loin des préoccupations des ferrovipathes et ferroviphiles.

L’ambiance est plutôt lugubre. Nous sommes « invités » à un voyage vers « les ténèbres du nord », ça commence bien. La Côte d’Azur, ce sera pour une prochaine fois. Les pauvres types qu’on rencontre ont beau montrer une certaine compassion, ils n’en tirent pas moins des trombines désabusées…

Alors fais une pause mon gars. Le plus dur t’attend et tu n’y couperas pas… De quoi s’agit-il au juste ? On ne sait pas vraiment. Quelque chose ne tourne pas rond dans ta tête et te colle aux basques… Tu voudrais comprendre le langage des oiseaux, mais tu n’y comprends rien, et tu devras rester sur ce foutu chemin semé d’embuches…

Brume, créatures rampantes, grondements proches… Est-ce en vrai ou dans ta tête ? Mais à la fin point une lueur d’espoir : peut-être arrivera un jour où cette nuit s’éclaircira…

Tout cela s’apparente à un mauvais trip, ou à une dépression… Gilmour pense-t-il à son ami Syd en écrivant ces paroles peu guillerettes ?

En tous cas il ne s’en sort pas mal…

Les paroles et leur traduction sont .

Avatars

The Narrow Way ne sera jamais jouée intégralement sur scène. Seule la troisième partie sera incorporée dans la suite The Journey (« le voyage »), en troisième position. Il arrivera même que Gilmour, mal à l’aise dans sa propre composition, ou en petite forme vocale ces jours-là, la chante… faux !

Quant au premier mouvement avec la guitare acoustique, il semble être issu d’une pièce, Baby Blue Shuffle in D Minor (« Shuffle à pauv’m’amour en ré mineur », le lecteur nous pardonnera cette impossible traduction… Le « shuffle » – littéralement « traîner des pieds » – est une danse américaine citadine des années 1920.), qui n’aura pas d’autre vraie suite, tandis qu’une variante, sous le titre Rain in the Country (« Pluie sur la campagne »), sera proposée en 1970 à Michelangelo Antonioni, qui ne la retiendra pas, pour la BO de son film Zabriskie Point. Ces deux variantes évoquent des exercices de style plutôt réussis qui permettent à Gilmour de développer le style aérien si particulier qu’il est en train d’inventer.

Discographie

Dans la discographie officielle de Pink Floyd, The Narrow Way ne figure que sur Ummagumma (partie en studio), sorti en novembre 1969.


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Auteur de la page : Blue Berry.

from-dawn-to-the-moon/the-narrow-way.txt · Dernière modification : 27/06/2011 à 12:36 de 127.0.0.1

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